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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

aux corps célestes ce que nous savons être vrai des corps souà la génération et à la corruption.

Les propositions ’ que nous possédons touchant les questions lion

mis

«

relatives aux mouvements célestes sont peu nombreuses et, peut-être, ne sont-elles formulées qu’en termes équivoques ; elles sont tirées, en effet, des êtres animés qui existent ici-bas ; or, de ces animé ne peut

en est de même des propositions qui

êtres-ci et de ceux dont il est question, le mot guère être dit que d’une manière équivoque. Puis donc que les principes sont autres, il

sont conçues à leur sujet ; partant, les passions et les propriétés de ces principes sont autres et diüérentes ; elles sont seulement, par équivoque, désignées de même ; on trouve dans le corps céleste densité et rareté, mais ces qualités sont ainsi nommées d une manière équivoque par rapport à celles qui se rencontrent dans les éléments. »

Dès lors s évanouissent les arguments que les Péripatéticiens opposentau mouvement propre d ’uneplanètc au semd’unciel Iluide : « Le partage-, la division, la raréfaction, la condensation sont mots qu’on emploie d’une manière équivoque au sujet des corps qui nous entourent, d une part, et des corps célestes, d’autre part ; ces corps sont autres ; ils existent d’autre manière ; leurs passions sont donc autres. Dans les corps qui sont ici-bas, les passions eu question sont considérées dans leur réalité ; au sein des corps célestes, elles le sont par similitude et par équivoque. D’ailleurs, la division, la. raréfaction ou la condensation du ciel n’est pas ici corruption absolue (simpluiter), mais corruption relative (secundum quid).. Ainsi en est-il du sang qui se corrompt dans la génération du cœur ou de quelque autre organe ; on ne doit pas l’appeler corruption absolue, mais bien plutôt génération et saint. Ainsi en est-il dans le ciel oii la partie la plus vile obéit et cède à la partie la plus noble, de telle sorte que le tout se trouve ordonné à sa fin. »

Si la Lune était fixement sertie dans un épicycle rigide qui se mi’it comme l’imaginent les Hypothèses des planètes, elle ne pourrait nous montrer toujours la même lace. Cette objection, que Bacon avait fait valoir contre l’hypothèse des orbes solides, est reprise et examinée en détail par Pierre d’Abano. Malheureusement, le manuscrit que nous avons consulté permet malaisément de suivre cette argumentation. Comme si la déplorable écriture et la latinité non moins déplorable de Petrus Collensis n eussent 1. Ms. cit., fol. 117 ? col. c.

2. Ms. cil., fol. 117, col. d.