Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
255
L’ASTRONOMIE ITALIENNE

l’A S T110 NOM l E 11 AIJE X N E

point suffi à nous dérouter, un lecteur moderne a renverse mi encrier sur une page du texte ‘.Nous devons donc, parmi les taches d’encre, nous contenter de deviner les grandes lignes de la discussion conduite par le Médecin padouan.

Nous voyons, en particulier, qu’il connaît et réfute- une singulière explication, dont il est fait mention dans une annotation au 7>acfafHA’ super totam Aslrologiam de Frère Bernard de Verdun3. Cette explication consiste à supposer que la sphère de la Lune est translucide et que la tache est due à un corps qu elle contiendrait en son intérieur ; « cette tache ne serait point ronde, mais anguleuse ; en outre, elle présenterait de tous côtés la ligure d’un dragon. »

Mais, « selon 1 opinion commune, on suppose que la tache réside à la surface de la Lune bien plutôt qu en la profondeur de cet astre. » En outre, « on pourrait réfuter ainsi cette explication : Dans une éclipse de Soleil, la Lune nous parait entièrement obscure, ce qui n’aurait pas lieu si la Lune laissait la lumière pénétrer dans sa profondeur, et si une partie seulement de la lumière se trouvait retenue par elle ; il semble donc plutôt qu elle ne reçoive de lumière qu’à la surface »,

D autres cherchaient sans doute à éluder l’argument en attriquant à la tache un mouvement différent de celui de la Lune ; mais cette échappatoire est sans valeur : « Si ladite tache est de même nature ou de même substance que la Lune, elle ne saurait se mouvoir d’un autre mouvement que la Lune elle-même ; car en un corps exactement homogène et continu, le mouvement de la partie est le même que celui du fout (Premier livre C/77 et du Monde)... »

De foute cette discussion, une conclusion se dégageait ; la Lune ne peut pas être simplement entraînée en la révolution d’un épicycle dont le centre décrit un cercle excentrique ; il faut encore qu elle soit libre de tourner sur elle-même. Et cette conclusion partielle venait elle-même fortifier la conclusion générale que formulait Pierre d’Abano4 : « La planète n’est donc point fixée dans la roue de telle sorte qu elle ne soit mue que par elle, mais elle tourne dclte-mcme au sein de la roue, taudis que la roue tourne pour sa part. — A’o/i igilur planela /imiter movetur rota, sed per se in ea giralur cum ilia. » Cette proposition résumait, à l’encontre t» Ms. cit., fui. il8, r®.

a. Ms. cit., fol. 118, col. b.

3. Voir : Seconde partie, Ch. VU, § VII ; l. III, p. 4&6. Y Ms. cil., fol. 117, col. d.