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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

fondateur. La Médecine commençait avec Hippocrate, l’Astronomie avec Hipparque et Ptolémée ; Démosthène et Cicéron promulguaient la Rhétorique ; des lois puissantes domptaient les appétits bestiaux. La lui des Nazaréens se répandait avec une signification divine (et Nazarearum dilatata lex significatione divina) ; Mahomet surgit également ; les populations et les royaumes s’étendirent… »

Pour la mettre d’accord avec ses principes astrologiques, Pierre d’Abano assouplissait singulièrement l’Histoire ; il prenait, avec la Chronologie, d’étranges libertés.


VIII
CECCO D’ASCOLI

Un peu longuement nous nous sommes attardé à l’analyse de l’œuvre de Pierre d’Abano ; c’est qu’à l’égard des écrits astronomiques jusqu’alors composés en Italie, cette œuvre présentait une importance et un intérêt exceptionnels ; le premier parmi les astronomes italiens, le Médecin padouan se montrait informé des doctrines astronomiques et capable d’examiner avec compétence les litiges soulevés par ces doctrines.

La Science italienne du xive siècle ne nous offrira plus aucune œuvre qui soit comparable à celle-là ; après les traités de Pierre d’Abano, nous n’allons plus trouver que des écrits médiocres composés par des astrologues ignorants.

Francesco di Simone Stabili, connu sous le nom de Cecco d’Ascoli [1], naquit à Ascoli en 1257 ; il occupa pendant trois ou quatre années, de 1322 à 1325, la chaire d’Astrologie de l’Université de Pologne. Un poëme cosmologique, composé à l’imitation de cette Image du monde qui, en France, avait si grande vogue, l’a immortalisé ; écrit en vers italiens, ce poëme était sans doute intitulé Acervatus ; de ce titre, la fantaisie des copistes a fait Acerba.

L’Acerba n’est pas le seul écrit de Cecco d’Ascoli ; il avait également donné divers autres traités astronomiques ou astrologiques ; la plupart de ces traités sont demeurés manuscrits ; un seul, un Commentaire à la Sphère de Joannes de Sacro-Bosco, a été

  1. Silvestro Gherardi, Di alcuni materiali per la storia della Facolla Matematica nell’antica Universita di Bologna ; Bologna, pp. 17-29.