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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES


d’exposer, d’après le susdit ouvrage, l’intention qu’avait eue le roi Alphonse. »

Notre auteur dit donc assez clairement comment les astronomes d’Alphonse le Sage ont attribué à la sphère des étoiles fixes et aux auges des planètes un double mouvement, mouvement de précession, d’une part, mouvement d’accès et de recès, d’autre part. Il termine son opuscule par la déclaration suivante[1] :

« Concluons, s’il vous plaît, que ce qui a été fait par l’excellent seigneur Alphonse touchant la longueur de l’année, les mouvements diurnes des planètes, les mouvements des anges des planètes et des étoiles fixes, et le mouvement de la huitième sphère, a été fait d’une manière raisonnable, si toutefois nous sommes parvenus à mettre à découvert son intention. Nous prions le lecteur de corriger, s’il peut faire mieux, ce qui a besoin d’être corrigé ; s’il se rencontre en cet écrit, en effet, quelque chose de vicieux ou de peu conforme à la vérité, qu’on n’aille pas l’imposer à réminent astronome que fut Alphonse ; qu’on nous l’attribue plus justement, à nous qui avons pu mal comprendre ou expliquer inexactement son intention ; et que celui qui aura mieux connu cette intention complète ce que nous en avons dit. »

Notre auteur ne se montre pas entièrement assuré d’avoir deviné l’intention des auteurs des Tables Alphonsines, particulièrement en ce qu’ils ont dit du mouvement des étoiles fixes et des auges. Cette hésitation se comprend si l’on songe que les tables relatives à ce mouvement sont données sans aucune description qui puisse faire soupçonner quel était ce système. Il le faut retrouver par la seule discussion des nombres inscrits dans les tables. Notre auteur avait deviné juste ; mais il était légitime qu’il craignît de s’être trompé.

Vers l’an 1300 donc, nous venons de l’entendre dire, un homme avait profondément étudié le système astronomique d’Alphonse le Sage, mais il gardait jalousement pour lui seul la science que cette étude lui avait acquise. Nous sera-t-il donné de soulever un coin du voile qui nous cache le nom de cet homme ? Ce nom ne serait-il pas celui de Guillaume de Saint-Cloud ?

Au temps où il rédigea son des planètes et son Calendrier de la Reine, Guillaume ne connaissait pas les Tables Alphonsines ; qu’il les ait, quelques années plus tard, connues et étudiées, nous en avons l’assurance, et voici comment.

On trouve, par-mi les œuvres imprimées de Nicolas de Cues, un

  1. Ms. cit., fol. 158, vo.