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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


opuscule intitulé[1] : Correctio tabularum Alfonsii per egregium Patrem Nicolaum de Cusa. De cet opuscule, le célèbre cardinal n’est aucunement l’auteur ; la première et principale partie de ce petit traité est textuellement empruntée à un écrit intitulé : Exposition tabularam Alfonsii et motiva probantia falsitalem earum qui fut composé en 1317 et que nous analyserons plus loin[2] ; cette première partie est suivie de ces mots : Addam nonnulla ex aliis ; ces mots précèdent et annoncent deux nouveaux fragments dont les auteurs sont nommés ; le premier de ces fragments est de Guillaume de Saint-Cloud, le second d’Henri Bate de Matines. La pièce qui réunit ces divers extraits se trouvait sans doute parmi les papiers de Nicolas de Cues ; celui-ci en avait probablement fait usage lorsqu’il avait rédigé la Reparatio calendarii dont le concile de Bâle entendit la lecture ; c’est à l’Expositio tabularum Alfonsii que semble avoir été empruntée la détermination de l’équinoxe de printemps faite, en 1290, par Guillaume de Saint-Cloud, et dont la Reparatio calendarii tire parti[3]. Ce document que Nicolas de Cues gardait pour ses études astronomiques, les éditeurs le lui ont attribué, le chargeant ainsi d’un involontaire plagiat.

Le fragment de traité de Guillaume de Saint-Cloud que nous trouvons parmi les œuvres de Nicolas de Cues n’est extrait ni de l’Almanach des planètes ni du Calendrier de la reine il appartient à un ouvrage aujourd’hui perdu de cet auteur. Ce fragment consiste en comparaisons entre les déterminations que fournissent les Tables Alphonsines et les déterminations qui résultent d’autres tables, particulièrement de celles de Ptolémée.

Ce fragment n’est pas, d’ailleurs, exempt de remaniements et d’interpolations ; certaines évaluations relatives aux années 1418[4], 1424 et 1425[5] y ont été introduites, sans doute, au temps de la jeunesse de Nicolas de Cues ; c’est donc avec hésitation qu’on doit attribuer à l’astronome de Saint-Cloud ce qu’on rencontre en ces deux pages ; il semble, toutefois, qu’on puisse regarder comme de lui les phrases qui les terminent et que voici[6] :

« Notez que pour trouver les lieux des planètes à une certaine époque, il vous faut ajouter aux lieux que vous trouvez ici la

  1. Nicolai Cusani Opera, Basileæ, 1574, t. III, pp. 1168-1173.
  2. Voir § IX, p, 71.
  3. Nicolai Cusani Opera éd. cit., t. III, p. 1156.
  4. loc. cit., p, 1172.
  5. loc. cit., p. 1173 ; les imprimeurs ont si fort altéré les nombres relatifs à ces deux déterminations qu’elles n’ont plus aucun sens.
  6. loc. cit., p. 1173.