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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES


distance entre l’auge de la planète au temps que vous considérez et l’auge ici inscrit[1]… Les stations de la Lune doivent être rapportées à la huitième sphère et non pas à la neuvième.

» Mais les latitudes de ces stations et l’arc de cercle intercepté entre le corps d’une étoile donnée et l’écliptique, qui est la latitude de cette étoile, sont des éléments éternellement invariables, car le mouvemnent d’accès et de recès doit être absolument nié, sauf le respect dû à ceux qui en admettent l’existence. Je ferai ici mouvoir la huitième sphère selon le mode que je tiens pour vrai, désavouant Thébit et tous les autres astronomes qui admettent le mouvement d’accès et de recès.

» Les moyens mouvements admis dans les Tables d Alphonse sont tous trop faibles ; par contre, certaines tables d’équations, telles que celles du Soleil, de Jupiter et de enus, donnent des nombres trop forts.

» Je déclare, toutefois, que les conjonctions des luminaires [du Soleil et de la Lune] approchent assez de la vérité, car ce qui se trouve en excès pour l’un, savoir pour le Soleil, est en défaut pour l’autre, savoir pour la Lune, et ce dernier défaut compense l’excès relatif à l’autre astre. C’est là ce qui a conduit beaucoup de grands et fameux philosophes à donner créance à ces tables. Du moyen mouvement de la Lune, on doit retrancher 0 h. 40 min. qui correspondent à 0° 22′. Du moyen mouvement de Saturne, nous retranchons 1° 15′ ; au moyen mouvement de Jupiter, nous ajoutons  ; du moyen mouvement de Mars, nous retranchons  ; au mouvement de la huitième sphère, nous ajoutons »

Que ce passage soit bien de Guillaume de Saint-Cloud, les dernières lignes ne nous permettent guère d’en douter, car elles reproduisent et maintiennent les corrections proposées par l’Almanach des planètes. Il nous montre donc que le sens critique de notre astronome ne l’avait pas seulement mis en méfiance contre l’exactitude des Tables Alphonsines : ce sens critique l’avait mené beaucoup plus loin, jusqu’au rejet absolu du mouvement d’accès et de recès attribué à la sphère des étoiles fixes par Thâbit et par Al Zarkali aussi bien que par les astronomes d’Alphonse.

Nous voyons, en outre, que le plus savant astronome de Paris, le plus curieux de tables astronomiques, n’a connu les Tabulæ Alphonsii qu’après 1296 : retard étrange si cette version Jatine avait suivi de près l’original castillan, publié en 1252. Nous trouvons là une sérieuse raison de penser que l’édition latine, dont philosophes à donner créance à res tables. Du moyen

  1. Ici s’intercale un calcul fait pour les années 1424 et 1425.