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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


la doctrine au sujet du mouvement des étoiles fixes diffère si profondément de celle qu’adoptait la rédaction castillane, est, de beaucoup, postérieure à cette rédaction.

Après avoir cité deux pages empruntées à Guillamue de Saint-Cloud, la Correctio tabularum Alfonsii insérée dans les œuvres de Nicolas de Cues reproduit[1] une courte note qui est, dit-elle, d’Henri Bate de Malines, et qui termine le Tractatus super defectibus tabularum Alfonsii de cet auteur. Dans cette note, Henri Bate compare les déterminations de solstice d’été qui se peuvent tirer des Tables Alphonsines à celles que l’observation avait fournies avant Ptolémée et à celle qu’elle avait donnée à Ptolémée lui-même ; au sujet de cette dernière, il s’exprime en ces termes : « Selon les équations d’Alphonse, l’erreur serait plus grande ; la différence relative au temps serait d’un jour et un tiers ; assurément, un tel défaut dans des tables est trop considérable. Au sujet de l’observation du Soleil faite par Albatégni, on ne trouve pas d’erreur notable ; en effet, comme je l’ai dit, les calculateurs qui ont construit ces tables se sont servi de cette observation même pour déterminer le parcours du Soleil. Une foule de remarques précédemment faites ou qui suivront concernent les défauts dont sont affectés les calculs et les tables. »

Sauf quelques lignes sauvées par les éditeurs des œuvres de Nicolas de Cues, le Tractatus super defectibus tabularum Alfonsii nous est, aujourd’hui, inconnu. De l’auteur, au contraire, qui fut contemporain de Guillaume de Saint-Cloud, nous connaissons plusieurs œuvres, et aussi diverses particularités biographiques qu’ont notées Émile Littré[2] et M. De Wulf[3].

Astronome, Henri Date était aussi astrologue ; les deux professions allaient souvent de pair, à la fin du XIIIe siècle et au commencement du XIVe siècle, pour ceux qui s’adonnaient à la Science des astres. Parmi les écrits d Astrologie composés par Henri Bate, il en est un qui a pour titre : Nativitas magistri Henrici Mechliniensis ; l’auteur y tire son propre horoscope et, pour en démontrer l’exactitude, cite diverses particularités de sa vie ; il nous apprend ainsi qu’il est né à Malines en 1244[4].

Dans un autre ouvrage, notre auteur « commente[5] son propre

  1. Loc. cit., p. 1173.
  2. Émile Littré, Henri Bate de Malinest astronome (Histoire littéraire de la France, t. XXVI, 1873, pp. 558-502).
  3. Maurice De Wulf, Henri Bate de Malines (Bulletin de l’Académie Royale de Belgique, Classe des Lettres, 1909, pp. 465-481).
  4. É. Littré, Op. laud., p. 558.
  5. M. De Wulf, Op. laud., p. 471.