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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

autres sphères, en sorte que les divers orbes tournent de mouvements différents autour de pôles distincts les uns des autres. Autour des pôles du mobile ultime, qu’on nomme 1rs pôles du Monde, la rotation se lait d’Orient en Occident ; (die se fait d’Occident en Orient autour des autres pôles. » Un disciple d’Eudoxe ou d’Aristote eut pu, sans infidélité envers son maître, contresigner ces lignes ; n’allons pas en conclure, cependant, que Paul de Venise se soit enrôlé parmi les partisans convaincus des sphères homoeentriques, car, presque aussitôt après ce passage, nous trouvons cet autre1 : « Au sujet de la division du Ciel, quatre opinions se sont produites :

» La première lut celle des Pythagoriciens qui admettaient dix orbes ou sphères célestes et point davantage, parce qu’en la numératicKi simple, les nombres progressent jusqu’à dix et point au-delà ; c’est par une numération mixte (pie les nombres se répètent et fournissent tous ceux dont nous usons. » La seconde est celle des astronomes qui admettent neuf orbes, parce (jue le huitième orbe est mn de deux mouvements ; l’un de ces deux mouvements existe, dans cet orbe, premièrement et par lui-mcnie ; c’est un mouvement d’Occident eu Orient, qui accomplit une révolution en trente-six mille ans ; l’autre est, en cet orbe, par accident ; c’est le mouvement diurne qui se trouve, dans cet orbe, en raison de l’orbe supérieur, auquel ce mouvement appartient premièrement et par lui-même... » La troisième opinion est tenue par ceux qui traitent de Philosophie naturelle ; ils disent qu’il y a seulement huit sphères célestes ; c’est inutilement, eu effet, qu’au delà de la huitième sphère, on placerait un nouvel orbe ; de même, en effet, qu’il ne contient, ni étoile ni planète, de même n’exercerait-il aucune influence...

» La quatrième opinion fut celle des Platoniciens qui divisaient tout d’abord le Ciel en deux globes sphériques. A leur avis, il n’y a, dans le Ciel, que deux orbes, l’orbe des Signes et l’orbe des astres errants. Ce dernier, ils le partagent en sept cercles, suivant le nombre des sept astres errants : non pas (jue le globe des planètes soit partagé en sept globes ; cet orbe des planètes demeure vraiment un seul corps continu ; mais, dans cet orbe, se trouvent sept cercles non continus [au reste de la masse], de la même manière î. Pauli Vexeti Lib. 1, textus comment i 45 ; éd. cit., fol. 23> col. a.