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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES


nom et constate avec un grain de complaisance que Bate en flamand signifie profit : Henricus de Malinis, in vulgari cognominatus Bate, quod est profectus in latino ». Nous savons ainsi que bon nombre de manuscrits et de livres ont écrit à tort Baten au lieu de Bate.

L’indication que nous venons de rapporter se trouve dans un traité intitulé : Speculum divinorum et quorundam naturalium. Ce traité, dont M. De Wulf a donné une courte analyse, est une sorte de cours complet, mais résumé, de Philosophie, qui n’est pas destiné à l’enseignement d’une école, mais à l’instruction privée d’un prince.

Ce Speculum est dédié « Au Seigneur Guy de Hainaut, frère du Comte de Hainaut et de Hollande, par la grâce de Dieu maintenant préposé à l’Église d’Utrecht, père vénérable ; jadis notre fils, c’est-à-dire notre élève en Philosophie et notre très cher disciple »,

« Guy de Hainaut[1] ayant occupé le siège épiscopal d’Utrecht de 1301 au 29 mai 1317, et son frère, Jean d’Avesnes, étant mort le 12 août 1304, c’est après 1301 et peut-être avant 1301 qu’il faut placer la composition du Speculum de Henri Bate. » Celui-ci a donc sûrement vu le début du xive siècle. On a fixé à 1309 la date de sa mort, mais cette indication est tirée d’un contre-sens, comme l’a montré Littré[2].

Dans la dédicace du Speculum divinorum publiée par M. De Wulf[3], Henri Bate s’intitule chantre de l’Église de Liège. Ses titres se trouvent plus complètement énumérés au frontispice d’un manuscrit du même ouvrage conservé à la Bibliothèque de Bruxelles ; ce frontispice, dont, la notice de M. De Wulf donne une reproduction photographique, porte : « Incipit speculum divinorum venerabilis henrici de malinis in Sacra theologia magistri parisius necnon Cantoris et Canonici in ecclesia Leodiensi. »

Les titres de chantre et de chanoine de Liège, il les devait à la protection de Godefroid Harentaels, abbé de Tongerloo[4]. C’est comme chantre et chanoine de Liège qu’il est pris pour arbitre, en 1290[5], par les chanoines de Saint-Lambert qu’un différend mettait alors aux prises avec Jean de Flandre, évêque de Liège.

Né en 1211, Henri Bate n’avait pu, aux termes des statuts de l’Université de Paris, recevoir le titre de maître en Théologie

  1. M. De Wulf. Op. laud., pp. 474.
  2. É. Littré, Op. laud., p. 558.
  3. M. De Wulf. Op. laud., p. 479.
  4. É. Littré, Op. laud., p. 558.
  5. M. De Wulf. Op. laud., pp. 473-474.