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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

sauver, non plus, les diversités des mouvements de leurs genzahars 1 2 3 et beaucoup d’autres choses qui se montrent chaque jour dans les orbes des sphères.

» Peut-être diriez-vous que cela provient d’une contiguïté de sphères, et do la position de certains anneaux ou déférents par lesquels ces apparences pourraient évidemment être sauvées. » .le dis que cette contiguïté de sphères et cette disposition de déférents ou d’anneaux par lesquelles on veut sauver ce qui nous apparaît est impossible ; cela est évident pour quiconque est expert des mouvements en latitude des planètes. En eüet, les déférents de Vénus et de Mercure, tantôt sont inclinés sur l’écliptique et la coupent, et tantôt se trouvent eu entier au-dessous de l’écliptique, comme le démontrent Ptolémée, Alfraganus et les autres savants en Astronomie. B ailleurs, si l’on supposait de semblables anneaux au scindes sphères des trois planètes supérieures, par suite de semblables mouvements en latitude, il y aurait ou bien production de vide, on corps privés de place, ou déchirure des sphères, ou compénétration de deux corps ou raréfaction et condensation des corps célestes ; or toutes ces choses sont absurdes et impossibles ; cette hypothèse, donc, d’où découleraient de telles conséquences, est également impossible ; on la doit abandonner. » Il semble que nous entendions ici un écho des critiques qu’au Lucidator, Pierre d’Abano a dressées contre les orbes solides emboîtés les uns dans les autres par les Hypothèses des planètesJ ; mais il semble aussi que Prosdocimo considère cette combinaison sous la forme qu à la suite de Gilles de Home, plusieurs maîtres parisiens lui avaient donnée ; les déférents excentriques n’ont plus ligure d’orbes sphériques, mais d anneaux ou de tores. Ces orbes solides, emboîtés les uns dans les autres, que la plupart des physiciens de Paris avaient admis dès le début du XIVe siècle, et qui avaient si fortement contribué à les rallier au système de Ptolémée, Prosdocimo les connaît et. en dépit de ce ipie les lignes précédentes auraient pu nous faire supposer, il semble les adopter sans réserve.

« Il y a, dit-il ‘, en la sphère de chaque planète, (rois parties qui sont discontinues l’une par rapport à l’autre ; pour distinguer ces parties de la sphère totale, les astronomes les nomment des orbes. La sphère de chaque planète, dune, se compose au moins 1. Les genzahars d’une planète sont les nœuds en lesquels l’excentrique de cette planète perce le plan de l’écliptique. 2. Vide supra, p. a 5 2.

3. Pnosoocnii de Bbldomando f)p latid., Cap. IV ; éd. cil., fol, 5i, v°.