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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


avant l’année 1279, où il atteignit l’âge de trente-cinq ans. Ces mêmes statuts lui avaient imposé l’obligation de prendre le titre de licencié ès-arts et d’accomplir huit années d’études à la Faculté de Théologie. Il avait donc longtemps séjourné à Paris au moment où s’y formaient des astronomes comme Jean de Sicile et Guillaume de Saint-Cloud ; il nous est permis de le rattacher à lécole à laquelle ceux-ci ont appartenu.

À l’époque même de ses études parisiennes, et au cours des voyages qu’il fit alors en France, Henri Bate se montrait occupé de recherches astronomiques ; nous en avons le témoignage par le traité où il décrit un nouvel astrolabe qu’il avait imaginé.

La Magistralis compositio astrolabii magistri Henrici Bate de Mechlinia[1] débute en ces termes :

« Frater Wilhelme, quia vestro beneplacito tanquam veræ amicitiæ internexu firmo pernexus, secundum meum posse parvulum satisfacere sum paratus quod vobis promiseram cum appui vos essem Lugduni, ecce me promptum adimplere. »

Ce même ouvrage se termine ainsi :

« Expletum est hoc opus ab Henrico Bate in villa Mechliniensi, Luna conjuncta Jovi in domo septima, ascendente Leone, anno Domini 1274, quinto idus Octobris, ad petitionem fratris Wilhelmi de Morbeca, ordinis prædicatorum, Domini Papæ penitientiarii et capellani. »

Henri Bate s’était donc rendu à Lyon en 1274 ; il y avait rencontré le célèbre helléniste dominicain Guillaume de Moerbeke, l’ami de Saint Thomas d’Aquin, le traducteur de Héron d’Alexandrie, d’Archimède, de Simplicius, de Proclus ; à l’occasion du concile, en effet, Grégoire X avait amené à Lyon Guillaume de Moerbeke qui était son pénitentier et son chapelain. Avide de connaissances scientifiques, Guillaume à qui, vers le même temps, Witelo dédiait sa Perspective, Guillaume, disons-nous, avait pressé l’astronome de Malines de donner une description de l’instrument astronomique qu’il avait inventé ; c’est cette description que Bate, revenu à Malines, avait écrite.

La Description magistrale de l’astrolabe et le Traité sur les

  1. Cet ouvrage est imprimé dans le livre suivant :

    Incipit liber Abraham iudei de nativitalibus… Magistralis compositio astrolabii Henricus Bate ad petitioned fratris Vuilhelmi de morbeka ordinis predicatorum domini pape penitentiarii et capelan. Colophon : Finit feliciter opusculum abrahe iudei de nativitatibus cum exemplaribus figuris singulis domibus antepositis : Et magistralis compositio astrolabii Henrici bate. Impressum venetiis arte et impensis Erhardi ratdolt de augusta. Anno salutifere incarnationis dominice Mcccclxxxv, nona kalendas Ianuarii.