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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/317

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PÉRIPATÉTISME, RELIGIONS ET SCIENCE

« Si merveilleuse [1] a été la disposition de ce grand homme, si puissantes ont été les différences entre sa formation et la formation des autres hommes, qu’il semble avoir été celui que la divine Providence a mis au jour pour nous instruire, nous qui sommes l’universalité des hommes, en la découverte de l’ultime perfection que peut atteindre l’espèce humaine lorsqu’elle s’individualise et devient sensible, de la perfection que peut atteindre l’homme en tant qu’homme. Aussi les Anciens l’appclaient-ils divin. »

« Gloire à Celui qui [2], dans le domaine de la perfection humaine, a mis cet homme à part de tous les autres. Ce qu’il a connu aisément, les autres hommes ne le peuvent connaître que par une longue recherche, avec beaucoup de difficulté et à grand peine ; quant à ce que les autres hommes connaissent aisément, cela diffère de ce qu’il a connu. Souvent donc les commentateurs rencontrent des passages difficiles dans ce que cet homme a dit ; mais, après fort longtemps, ta vérité de son discours finit par devenir claire, et l’on voit alors combien la spéculation des autres hommes était débile au regard de la sienne. Par l’effet de celte divine puissance qui s’est rencontrée eu lui, c’est lui qui a été l’inventetir de la Science, lui qui l’a complétée, lui qui l’a rendue parfaite ; un pareil événement est. bien rare en tout art, quel qu’il soit, et surtout eu ce grand art [qu’est la Science], Or nous disons que c’est lui qui, à la fois, a découvert et accompli cette Science, car ce que les autres Anciens en ont dit ne mérite pas même d’être regardé comme des tâtonnements touchant ces questions ni, à plus forte raison, d’en être considéré comme les principes. »

« Louons Dieu [3] qui, dans le domaine de la perfection, a séparé cet homme de tous les autres, qui lui a conféré en propre la dignité humaine portée à son eon4>le, , à un degré qu’aucun homme, à aucune époque, ne saurait atteindre. »

Le sentiment qu Averroès exprime eu ces louanges, d’autres assurément, parmi les savants de l’Islam, l’ont éprouvé comme lui, encore qu’ils ne nous en aient pas, comme lui, livré la naïve et enthousiaste expression ; et ce n’est pas seulement chez les Arabes que sest rencontrée cette foi absolue eu la parole d’Aristote ; nous la retrouverions aussi pleine, aussi forme, moins excu-

1. Averrois Porta qraafsüa eirca logicalia. UlGintnn qiiæsitam est quoi ! in qnihiisdam libris in Paraphrasé Priorttni i nven i tnr, in idtimo mixtionis coütingenth et necessarii.

2. AvEttRûis COiibtBENSig //j dra/o/r/ix meleoralagicarii/n libros expos il io media, Lib. III, summa II, cap. II, in fine.

3. Avehhois < lüiiDL’üLxsis Paraphrasis in libt i De ffeneratione animal iu/n A rislotelis Stagiriti ?, Cap, XX,

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