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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

sable, chez nombre d’Avcrroïstes italiens, jusqu’à l’aurore du xvïip siècle.

Que fût-il advenu de la Science si la plupart des maîtres eussent partagé la confiance qu Averroès professait en la doctrine d’Aristote ?

Il est aisé de le dire, et l exemple même d’Averroès nous

l enseigne. Persuadés que les livres du Stagirilc contiennent le principe de toute vérité et la définitive explication du système du Monde, les docteurs se lussent bornes désormais à eonimeider ces livres, à en élucider les passages obscurs, à disputer entre eux des propositions ambiguës qui s y peuvent rencontrer. A F exemple, d’ailleurs, Averroès ne manquait pas de joindre le précepte. Avec quelle rigueur ne condamnait-il pas ceux qui. venus après Aristote, avaient cependant tenté d innover ! lùmutons-lc.

Il vient d’élucider un passage obscur des Prwîirrx //ex. « Parla, conclut-il1, nous avons montré ce qif entendait Aristote, et nous avons résidu les ambiguïtés qui avaient continué de lui être opposées jusqu’à notre époque. C’est ainsi, en effet, que les choses ont coutume de se passer entre ce grand homme et ceux qui ont des doutes à son égard ; je veux dire que Je temps suffit à résoudre les doutes qu’ils lui opposent. Nul donc, parmi les hommes, ne se montre de plus débile réflexion ni de moindre science que celui qui doute à rencontre d’Aristote et qui, dans le traité1 qu’il compose, répond suivant son propre sentiment, surtout lorsque ce sentiment n’a pas été partagé par quelque prédécesseur. Ainsi voyons-nous qu’Avlceuno a fait en tous ses livres. Ce qim ce nouveau a fait de pire, c’est de s’écarter de la discipline d’Aristote et de marcher dans un chemin autre que la voie du Philosophe. C’est ce (pii est arrivé à l Fàràbi dans sou livre de Logique, et à 11m Sinâ en Physique et en Théologie. » Si les sages eussent suivi les préceptes d’Averroès, pour développer celte théorie, si ardemment souhaitée, où F Univers doil manifester son ordre harmonieux et décimvrirsa raison d’être, ils eussent dédaigné d interroger par F expérience la nature sensible ; îlseussent refusé de prêter l’oreille aux voix qui nous révèlent les choses surnaturelles ; éternellement, ils eussent dérmdé les corollaires des dogmes péripatéliciens ; au moment même qu elles venaient de naître, la Philosophie et la Science eussent été figées dans la rigidité des cadavres.

t. AvEliKOIS Varia qfiwxita rire.a /ttf/iwrîia. UinpsîUiiu nomi o. De niiint ptïeristieû, H ipod sit pi’ûposilïo île inesse, et de nioilis cunclusionuijj syll^isinorum tnixU)rum+Cap. III, in fine.