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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

étaient d’accord sur tous les points essentiels ; et il les avait ramenées ainsi à une seule et même doctrine »

Plotin, lui aussi, use d’un large éclectisme : « Dans ses écrits, dit avec raison Porphyre [1], sont mêlés secrètement les dogmes stoïciens et péripatétieiens, et la Métaphysique d’Aristote y est c nidcusée tout entière ».

Le disciple de Plotin, celui qui nous a conservé les œuvres de ce maître, Porphyre « était profondément imbu de la pensée d’Aristote [2] ; il avait fait de tous ses ouvrages, ou de presque tous, le sujet de longs et savants commentaires ; il suivait volontiers ses opinions ; il avait écrit un traité considérable, en sept livres, pour démontrer l’identité de la doctrine de Platon et de celle d’Aristote ; et Proclus, enfin, lui reproche de résoudre les questions platoniciennes par les principes péripatétieiens ».

Syrianus et Proclus, en effet, moins éclectiques que leurs prédécesseurs, souhaitent de chasser de l’École les tendances péripatéticiennes et la ramener au pur Platonisme ; un des élèves de Proclus, Damascius, veuf remonter plus haut encore et ramener la philosophie hellénique à ses origines pythagoriciennes et orphiques. Mais le mouvement de réaction ne peut prévaloir contre le courant plus puissant qui entraîne les deux doctrines aristotélicienne et platonicienne à se fondre l’une dans l’autre. « Un des maîtres de Damascius [3], un disciple de Proclus, Ammonius, fils d’Hermias, venait de commencer ouvertement, dans l’école platonicienne, la restauration de P Aristotélisme… La pensée d’Aristote triomphait dans le sein même de l’école de Platon. Aussi la philosophie péripatéticienne tint-elle en réalité le premier rang dans l’enseignement d’Ammonius et dans les écrits de ses disciples.

» Les successeurs de Plotin avaient presque tous pris pour sujets de leurs travaux et de leurs commentaires les ouvrages d’Aristote autant que ceux de Platon, Sans parler de Porphyre, Jamblique et Maxime, maître de l’empereur Julien, en avaient reçu le nom de Péripatétieiens. La célèbre et infortunée Hypatie expliquait Aristote dans la chaire qu’elle occupait à Alexandrie. Proclus composa des éléments de Physique, qui ne sont qu’un abrégé du huitième livre de la Physique d’Aristote, et il avait donné des leçons a Ammonius, fils d’Hermias, sur une partie de l’Organum. Damascius commenta h1 livre du Ciel et la Physique…

» Mais, jusqu’au fils d’Hermias, ce que le Néo-platonisme

  1. F. Ravaisson, Op. laud., p. 382.
  2. F. Ravaisson, Op. laud., p. 476.
  3. F. Ravaisson, Op. laud., pp. 538-541.