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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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Toutes images empruntées par le Platonisme à la théologie Judéo-Alexandrine. »

Après le temps de Plotin, on pourrait encore reconnaître les liens qui continuent d’unir le Néo-platonisme au Judaïsme cl au Christianisme. N’était-ce pas un chrétien ou, plus probablement, un juif que cc Chalcidius, traducteur et commentateur fin Times de Platon ?

Si donc le désir de concilier cl de combiner les grandes doctrines philosophiques de la Grèce a provoqué la formation <ln Néo-platonisme, cc sont les pensées suggérées par la théologie juive et par la théologie chrétienne qui lui ont permis de satisfaire cc désir. Mais l’influence du Judaïsme et du Christianisme n’est pas la seule que le Néo-platonisme ait subie ; cette influence a été parfois secondée, mais le plus, souvent contrariée, par l’attrait que les derniers philosophes grecs ont ressenti pour les doctrines religieuses de la ^erse ; combattu d’abord par les penseurs néoplatoniciens, le Gnosticisme des Mages a fini par s’imposer à leurs méditations et par en dévier les tendances. Par là, le Néo-platonisme d’un Jamblique a cessé d’être une doctrine philosophique pour devenir une théurgic qui ne mérite plus de retenir notre attention.

Avec ces pratiques magiques et gnostiques, cependant, on voit s’affirmer, dans le Néo-platonisme, certaines idées auxquelles il nous faut arrêter ; soit que ces idées aient pris leur origine dans la religion même dont elles cherchent à justifier les pratiques ; soit icc qui est beaucoup plus probable) quelles aient été, dans ce but, empruntées au Judaïsme et. au Christianisme. Os idées concernent le double mouvement amoureux qui s’établit entre les hommes et les dieux.

« Chacun aime cc qu’il produit1 ; les Dieux se plaisent donc dans leurs créatures... De là la puissance du sacrifice... La cause première de l’efficacité du sacrifice, c’est l’amour, c’est l’affinité essentielle de l’ouvrier pour l’œuvre, de celui qui a engendré pour ce qui est né de Iul.

» Enfin, dans la prière, qui est la plus haute partie de la théurgic, nos volontés ne subjuguent pas la volonté des Dieux. C’est leur action qui prévient la nôtre d’aussi loin que la volonté divine l’emporte sur le choix délibéré de l’homme. Par leur libre vouloir, par leur bonté et leur miséricorde, les Dieux appellent à eux les âmes, et, les accoutumant à se séparer du corps pour i. F. Ravaisson, Op. laud.) pp. 488-/j8(j.