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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

remonter à leur principe intelligible, ils leur donnent enfin de s’unir et de s’identifier avec eux ».

Ce double mouvement, Proclus ne peut se garder entièrement de l’admettre en son système philosophique, lorsqu’il considère l’rtAaiwe/ne/ii (u-ôScw-îk ;, üçîov) que tout principe éprouve, en lui-même, eu même temps que la tendance de chaque chose à remonter à son principe, qui est son bien. Ce même double mouvement devient la pensée maîtresse de la Théologie d’Aristote ; mais la forme sous laquelle il y est décrit laisse aisément deviner une origine chrétienne ; ce double mouvement qu’affirment nombre de paroles de Saint Paul ou de Saint Jean, il est l’essence même de la théologie professée par ce Denysqu’ona si longtemps appelé l’Aréopagite.

Le désir de conciliation qui en est la tendance dominante, non moins que l’éclectisme qui en a donné les principes, assure au Néo-platonisme une grande souplesse ; aisément il s’accommode aux théories qui lui semblent justes ; il n’est pas du nombre de ces doctrines rigides, si assurées en la fermeté de leurs fondements qu elles osent contredire même à la certitude qui nous vient des sens. Le Néo-platonisme se montrera donc accueillant à l’Astronomie nouvelle ; Ptolémée parlera parfois comme un Néo-platonicien ; Proclus se moquera de ceux qui prennent en leur Péripatétisme le droit de rejeter les excentriques et les épicycles, et Simplicius s’attachera à montrer qu’on peut, tout en acceptant ces hypothèses, garder les principes essentiels de la Physique céleste d’Aristote.

Autant donc la Philosophie du Stagirite, en sa rigide et minutieuse précision, se montre inconciliable avec l’Astronomie que l’observation requiert comme avec la Théologie qu enseignent le Judaïsme et le Christianisme, autant le Néo-platonisme, par la flexibilité de ses doctrines, se prête aux alliances qui l’accorderont soit avec la Science <1 observation soit avec P Islamisme, le Judaïsme ou le Christianisme.

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le Livre des Causes

Chez les .Musulmans donc, puis chez les Juifs, enfin chez les Chrétiens, c’est la philosophie néo-platonicienne qui tentera de mettre la paix entre l’intransigeance des Péripaticiens et l’intolé-