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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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seconde, et lorsque la cause seconde cesse de produire son effet, la cause première peut continuer le sien.

Partant, la cause éloignée est plus puissante, elle adhère plus intimement au sujet que la cause prochaine ; c’est la cause première (pii donne à la cause seconde le pouvoir d’agir sur une chose ; c’est elle qui maintient et conserve, en cette chose, l cHèt do la cause seconde.

C’est donc par la généralité de plus en plus grande de leur action que vont s’échelonner les causes universelles* Au sommet, réside la Cause première absolument universelle, en laquelle il n y a rien de causé, qui défie toute description. Au-dessous de la Cause première, vont s’étager trois causes qui sont supérieures à tout le restes.

L’Etre, d abord, qui est au-dessus de l’éternité et avant elle, car être simplement, c’est quelque chose de plus universel que d’être éternel, en sorte que F Etre est cause de l’éternité. L Intelligence, ensuite, qui est jointe à l’éternité car, indestructible et immuable, elle est coétendue à l’éternité. Enfin l’Ame, qui se trouve au-dessous de T Intelligence mais au-dessus du temps, car c’est elle qui, causant le mouvement, engendre le temps 1 2 3 4.

L’Etre est la première des créatures, et rien n’a été créé avant lui Il est la plus simple des créatures, mais, cependant, sa simplicité n’est pas l’unité absolue de la Cause première. En lui, il y a multiplicité, car il est à la fois fini et infini. 11 est fini à l’égard de la Cause première dont il dépend et qui le détermine ; mais il est infini a l’égard de ce qui se trouve au-dessous de lui ; cette infinité (pii est en lui, c’est la multitude des existences qu’il peut 1. Liber de Cattsis, VI ; éd. cit., fol. 7/4. coll. a el b, 2. Liber de Cuit sis, II ; éd cit , fol. 71,00]. a. 3. Mohammed al SchahrestAni, qui mourut en ii53. a laissé une Histoire des sectes religieuses e/ /didos/j/diif/ites ; les opinions des divers philosophes y sont, en général, exposées d’après des livres apocryphes qui semblent avoir fourmillé chez les Arabes. Selon SchahrestAni, Pythagore aurait tenu le langage suivant :

« L’unité, en général, se divise en unité avant Féternité, unité avec l’éternité, unité après l’éternité et avant le temps, et unité avec le temps. L’unité qui est avant l’éternité est l’unité du Créateur ; celle qui est avec l’éternité est l’unité de I Intellect premier : celle qui est après l’éternité est Funité de FA me ; enfin celle qui est avec le temps est Funité des éléments el des choses composées » (S. Munk, jVéïanyes de Pbi/osop/iie juire el ar*abef Paris, 185<> ; p. 24G).

Dans la doctrine du pseudo-Pytbagore, on reconnaît l’enseignement du Livre des Causes ; peut-être est-ce ce dernier livre que Scbahrestènî croyait être de Pythagore ; peut-être est-ce le soi-disant traité pythagoricien qui a* inspiré le commentateur de F/nshVnho ZAeoZogica.

4. Liber de Causi$f IV ; éd. cit., fol. 72, coll, c et d ; fol. 73, coll. a et b.