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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

mettre en acte ; et, comme nous l’allons voir dans un moment, cette multitude d’essences qui se trouvent en puissance au sein de U Être, c’est 1 Intelligence contenue dans sa Cause. L’Intelligence, elle aussi, est à la fois une et multiple. De F Etre qui est sa cause, elle tient son unité ; mais, d’autre part, elle renferme une multitude de formes intelligibles qui font sa diversité. En ces formes intelligibles multiples, l’intelligence unique sc diversifie comme nous voyons, ici-bas, une même forme spécifique se diversifier en de multiples individus ; entre ces deux modes de multiplication, cependant, une différence est à signaler ; les individus qui participent d’une même forme sont des êtres séparés les uns des autres ; au contraire, les formes intelligibles multiples qui diversifient F Intelligence, et qui sont, elles-mêmes, des intelligences, demeurent indissolublement liées entre elles dans l’unité de cette Intelligence.

Cette diversification de F Intelligence sc fait, d’ailleurs, par degrés* Aux formes intelligibles les plus universelles, correspondent des intelligences premières ; des intelligences secondes sont engendrées par une première particularisation de ces formes universelles ; et ainsi sc produit une hiérarchie descendante d’intelligences, dont chaque degré correspond à des formes intelligibles moins générales que le degré précédent.

De la Cause première émane la vertu qui rend active chacune de ces intelligences et la bonté qui réside cil elle ; mais cette communication de forcectde bonté, qui coule delà Cause première aux diverses intelligences subordonnées,ne sc fait pas directement ; la Cause première influe la force et la bonté au sein de la première îles créatures,au sein de I rJre suprême ; de la, cet influx descend dans l’intelligence première ; puis il continue de descendre, en se subdivisant, jusqu’aux intelligences les moins générales, jusqu’à celles {pii sont au dernier degré de la hiérarchie. « Toute vertu unie J possède une plus parfaite infinitude qu’une vertu qui s’est subdivisée. En effet, le premier infini, qui est T Intelligence, est tout voisin de la pure Unité ; c’est pourquoi, en toute vertu proche de la pure Unité, il y a plus d’infinitude qu en une vertu qui en est éloignée ; et cela provient de ce que l’unité d’une vertu commence à se détruire, dès que cette vertu commence à se subdiviser ; et lorsque son unité se détruit, son infinitude se détruit ; et son infinitude ne saurait se détruire sinon quand cette vertu sc divise... Plus elle est condensée et unie, plus elle grandit i. Liber de Causis, XVII ; éd citM Fol. 8û, col. b. Cf. : Procli Thrfitaltû Meo logica> XCV : éd. 1822, p. i$i ; éd. 1855, p. LXXXL Voir aussi : t. I, p. 3 ;or