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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

et acquiert de vigueur, et plus sont admirables scs opérations. Mais plus clic se partage et se divise, plus elle s’amoindrit et s’affaiblit,et plus viles sont les opérations qu’elle accomplit. Il est donc maintenant évident que l’unité d’une vertu est d’autant plus parfaite que cette vertu est plus proche de la pure et véritable Unité ; et plus l imité y est parfaite, plus l’infinitude de cette vertu est apparente et manifeste, plus grandes, admirables et nobles sont ses opérations. »

Ainsi à la hiérarchie descendante des intelligences correspondra une hiérarchie descendante des opérations que ces intelligences accomplissent. >

Quelles sont les opérations de l’intelligence ? L’Intelligence imprime en l’Ame les formes intelligibles quelle contient ; elle fait, par cette impression, que l’Ame connaisse ces formes intelligibles ; l’Ame ne les connaît1 pas telles qu elles sont eu elles-mêmes, comme des essences unes et immobiles, car ce mode de connaissance est réservé à l’intelligence ; mais elle les connaît à la façon dont l’Ame peut connaître, c’est-à-dire par l’intermédiaire des accidents qui sont multiples et changeants ; ce qui, donc, au sein de f Intelligence, est un et immobile, est connu par l’Ame comme divers et en mouvement.

D’ailleurs 2, à la hiérarchie descendante des formes intelligibles de moins en moins générales qui résident en T Intelligence, correspond, en l’Ame, une hiérarchie descendante d’impressions de plus en plus particulières. A chaque degré de la hiérarchie des formes intelligibles correspond une intelligence ; de même, à chaque degré de la hiérarchie des impressions correspond une âme. En sorte que, sans perdre l imité qu’elle tient de la cause première, l’Ame se diversifie exactement comme s’est diversifiée l’intelligence ; à chaque intelligence subordonnée correspond une âme subordonnée qui reçoit l’impression de cette intelligence subordonnée et, en même temps, communie aux vertus et aux biens que cette intelligence subordonnée tient de l’intelligence première.

Au fur et à mesure que les intelligences, par la subdivision qui les produit, s’éloignent davantage de l’imité, l’opération dont elles sont capables est plus débile ; l’impression qu’elles produisent eu l’âme est moins profonde et moins durable ; aussi, tandis que les intelligences les plus élevées impriment leurs formes intelligibles en des âmes éternelles, les intelligences les plus e. Liber drcatisis, XIV ; éd. cil., foL 79, col a. 2, Liber de causist X ; éd» cil , foL cûIL b et C.