Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
341
LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

mière. Cette disposition, ce pouvoir, le Lirre//ex Causes le considère comme une manière de puissance <//wZ//xpropre à chaque chose, lorsqu’il écrit1 : « Bien que la Cause première existe en toutes choses, chacune do ces choses, cependant, la reçoit suivant la manière de puissance qui lui est propre ; en effet, il est des choses qui reçoivent l’influence de] la Cause première encore unie, et il en est qui la reçoivent après qu’elle a été subdivisée ; il en est qui la reçoivent éternellement et d’autres qui la reçoivent temporellcinent ; il en est qui la reçoivent sous l’aspect spirituel et d’autres sous l’aspect corporel. » On peut ainsi, en toute chose autre que la Cause suprême, distinguer, d une part, cette disposition, qui y est à la manière d’une puissance, à recevoir l’action de la Cause suprême et des causes inférieures et, d’autre part, les effets que ces actions y produisent.

L’Etre suprême crée l’essence de chaque chose et, partant, le pouvoir qu’a cette essence de recevoir l’influence des autres causes ; en l’essence ainsi créée, les causes inférieures a F Etre impriment leurs effets à la manière de formes.

« Toute chose possède son essence à cause de F Etre premier2. Toute chose vivante est mue par son essence à cause de la Vie première. Toute chose intelligente possède la science à cause de l’intelligence première. En effet, si toute cause donne quelque chose de soi à son effel, l’Elre doit donner l’existence à tout ce dont il est la cause. De même, la Vie doit donner le mouvement à tout ce dont elle est la cause, car la Vie procède du premier Etre qui est éternellement en repos ; elle est le premier mouvement. De meme encore, l’intelligence donne la science à tout ce dont elle est la cause, car l’intelligence est toute science véritable, elle est le premier savant, c’est elle qui infuse la science en toutes les autres choses. Revenons au point de départ, et disons (pie le premier Etre, qui est immobile et qui est la Cause des causes 3, donne l’existence à toutes choses, et qu’il la leur donne par voie de création. Mais ce n’est pas par voie de création que la première Vie donne la vie à foutes les choses qui sont au-dessous d’elle ; c’est en manière de forme (per modum formæ). Et de même, 1 Intelligence ne confère point de science aux choses qui sont au-dessous d’elle autrement qu’en manière de forme.» 1. Liber de Causis, XXIV ; éd. cit., fol. 82, col. d* 2. Liber de Causis, XIX ; éd. cit., fol. 8o, col. c. 3. Ici, comme en nombre de passages, le Liére des causes paraît identifier l’Etre suprême avec la Cause première.