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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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En toute substance, donc, au-dessous de F Être suprême, on peut distinguer, d une part, une essence créée par FEtre, essence qui est une certaine disposition, une certaine puissance à recevoir 1rs formes que la Cause suprême y imprime directement ou indirectement ; puis, d’autre part, 1rs formes imprimées eu rrtle essence. Arrêtons-nous un instant à préciser cette notion d’essence, telle que le conçoit Fauteur du Livre des Causes. Lorsque les maîtres de la Scolastique latine, sous I influence de la philosophie <1 Avicenne, s’efforceront de distinguer entre Vôtre (ez/vj et 1 essence .e.sxe/z / z7z ), il leur arrivera, parfois. d’invoquer 1 autorité du Livre des Causes ; et ce sera tout à fait à tort, car te Livre des Causes ne reconnaît aucunement, entre l’être ou existence et l’essence, la distinction que marquera le Néo-platonisme arabe.

Dans la traduction latine du Livre des Causes les trois mots : < ?s.se, chs sont absolument synonymes. Ils désignent également, en chaque chose, ce support, ce sujet que la ( aiuse suprême a créé tout d abord, et qui recevra, de cette Cause et de celles qui lui sont subordonnées, des formes et des activités diverses. En concevant de la sorte Fêtre ou essence, le commentateur auquel nous devons le Livre des Causes se montrait fidèle interprète de la pensée du Néo platonisme hellénique. Proclus, par exemple, enseigne1 2 que Fêtre (vô ov) précède les formes : « Ilpè :wv slooiv ucpsTrivai tq ov ». [I distingue - entre la cause créatrice, « la cause qui possède la paternité (50 -xts’.xo’/ aiTiov.i » et « la cause qui façonne en vue de produire la forme (to OTigtô’jpyixov -wJ ; elooTOiix ; aiTiov) ». L’est la première qui, à toutes choses, confère F existence (to eIvoli’) et le pouvoir de subsister uTcap^is)» Cette cause est faiseuse d’essences (oÙT’zmGviv), taudis que la seconde est faiseuse de formes

Or les causes se rangent dans le meme ordre que les tins auxquelles elles tendent. « Autant doue la forme (tg sïoç ;) est distante de Vôtre (to ov), autant la cause qui façonne ’zoc^g^ucyixov) est loin de la cause qui a la paternité (to razov/ùv ... La cause qui a la paternité, étant plus universelle et possédant plus complètement le caractère de cause (atvuaTspov), est au-dessus du genre auquel appartient la cause qui façonne, comme Fêtre (tg ov) est au-dessus de la forme (to u3qç) ».

1. Prûcli Diadochi Zns/du/fü Z/ieo/ogzca, LXXtV ; éd. 182 :2, pp. 1 t5-i 17 ; ctl. 1855, p. LXXVI.

2. Prûcli Diadochi O/). /««(/., CLVII ; éd. 1822, pp. 2.3a-235 ; éd. J855, p. CF.