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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

hellénique, la pensée de Plot in, de Proclus et de leurs successeurs. Voyons maintenant ce que cette pensée lui inspire. Capacité de recevoir les formes, les actualités, l’essence ou être est quelque chose d’analogue à une matière ; ce réceptacle des formes,

d’allure

« c’est-à-dire, écrit Saint Thomas d’Aquin comporte à la façon d’une

» t

I auteur du Livre des Causes le désigne par un ferme grecque, niais que ne connaît aucun vocabulaire ; il le nomme Ày/ia/bis,

quelque chose de matériel ou qui se

matière ; car on le nomme Ay//a/A ?xdu mot Ay//r qui veut dire matière. »

« L Intelligence, dit le Livre des Causes possède une hy/iathis, car elle est essence et forme ; et, de même, l’Ame a un être qui est. nue /iy/iat/iix ; et la Nature possède une essence qui est hylialhis. Ht Inlelliyentia est habens hyliathim, quoniatn est esse et forma ; et simi/iter Anima est] habens esse hylial/iim ; et Natura est habens esse hyliatlum ; et Causæ quvlem primræ non est liylialhis, quoniam ipsa est tantum esse. Seule, la Cause première n’a pas de hylialhis, car elle est seulement essence (cx$e) i. * 3 ». Il n’y a, en elle, aucune puissance à recevoir une forme imprimée d’ailleurs. Cette théorie de la hyliathis nous conduit tout naturellement à nous poser cette question : Qu’est-ce que Fauteur du Livre des Causes pensait de la Matière première ? A cette question, nous ne pouvons faire de réponse catégorique ; le mot de matière n’est même pas prononcé au Livre des Causes ; il ne Fest pas davantage dans 1 Institution théedoyique. Peut-être serions-nous tentés de préj uger ce que le Livre des Causes eût pu dire de la uMp A cha* que instant, en effet, il y est marqué que les choses corporelles, que les choses soumises a la génération et à la corruption n’échappent point aux doctrines qui y sont exposées. Ces choses, donc, doivent posséder une Ay/zaZA/x, c’est-à-dire une essence créée par 1 Etre suprême et disposée à recevoir l’influence des causes supérieures ; dans cette Ay/ia/Aix, les causes supérieures doivent, par leur influence, imprimer des formes. Cette hy/iathis des choses corporelles, des substances soumises à la génération et à la corruption ne serait-elle pas la Matière première ? La Matière première, donc, ne serait-elle pas une essence qui, par voie de création, tiendrait son existence du premier Etre ? i. Sancti Thomæ ôi Ziôram de Causis, lect. IX ; éd. oit., fol 7O, col, d.

Liber de Causis^ IX ; éd. cit., fol. 76, col, c. 3. Ici se marque bien la confusion entre la Ccasa /jrûvia el l’É/xsc prn/nnn que nous avons déjà signalée.