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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

Une telle opinion serait assurément contraire à la pensée de Proclus.

Dans son opuscule Sur le sacrifice, Proclus nous fait connaître sa doctrine au sujet de la Matière première Cette doctrine, railleur la donne comme empruntée « aux Anciens » : en cllet, elle est absolument conforme à celle que professaient Plotin et Porphyre < <( La Matière, dit-il, est informe, changeante, sans borne, dénuée de tout pouvoir. Partant, ce n’est pas un être, mais un véritable non-cire. Elle apparaît comme une image molle..... Sans cesse, tdle se montre tantôt petite et tantôt grande, tantôt plus et tantôt moins, tantôt en excès et tantôt en défaut ; elle est en un perpétuel devenir ; jamais elle ne demeure, bien qu elle n’ait pas le pouvoir de s enfuir, car elle est la privation de toute existence. Partant, quoi que ce soit qu elle promette, sa promesse est mensongère ; au moment meme où elle semble grande, elle se trouve réduite à la petitesse ; elle est comme une chose qui se joue de nous et se réfugie dans le non*être. »

Cette Matière première, qu’une vue trouble et décevante s’efforce en vain de saisir, c’est donc la privation de toute existence, c’est un véritable non-être ; cela, Plotin et Porphyre l’avaient dil avant Proclus ; mais à cette affirmation, Proclus va donner plus de force en la rattachant à Puil des dogmes essentiels de sa Théologie. Au-dessus de 1 Intelligence, Plotin et Porphyre plaçaient immédiatement 1 In ; entre l’Un et T intelligence, Proclus conçoil un intermédiaire, P Etre ; pour lui, l’Un est au-dessus de TEtre ; il est supérieur à toute existence ; en sorte que, de l’Un, ou ne peut pas dire qu’il existe ; à sa façon, il est, lui aussi, un non-être. Proclus conçoit donc deux iioie-êtres : L’Un, qui est amdessus de toute existence ; la Matière première, qui est privée de toute existence.

r. Opus Prücli t//i saeri/ieio interprété Afarsi/io Ficino Florent ino (Indexe eorum quœhoc in libro hâtent ur, Iamulichüs de mf/sleriis .Etjypliorum, Chai* dœorttm, Asst/riorum. Proclus in Platon icuni Atcièitttïem de anim r alqtie dav/wne. Proclus de sacri/icio, et miyia. Poiira yrius de diri/iis, (tique dawio* nibus. Syneslus Platoxigus de somniis. Pseli.cs de dœmonibus. Eæpositio Pitisciani, .<7 Marsilu z/i fhcophrastnni de sensu, phantasia, et. inlelfectu. Aucixot Platoniai p/iilosophi, liber de dùcü’ôia Pla’onts, Speusipbi Platonis disciptili, t iber de P/a/o/z zs défi n il ion ibus I * ytiugo k.e p h i losop/t i a tire a n rrb t. Symbol a PiTiiAGOii.Ep/ii/oso^/uXenocrktis p’iüosophi pfatonici liber de z/jor/c. Mercunti riUâMBGESTi Pi mander, Eiusdem Aselepias. Marsiml Figixi de tripliei uita Lib. //. Iùusdem liber de voliiptafe. Eiusdem deSo/e et lamine libri II. Apologia EiusDEM z/j. hbriim su uni de lamine, Husdem htellus de m tyis, Oaod necessaria a’P securitas et tranquillitas animi. Prœdarissinravtim sententitirum hui us ope* rts 6reois annolalio, In fine - Vencliis in a :libns A ldi, et Andréas soceri mense Novembri MDXV1. Fok 3y, rtJ,

2. Voir : Seconde partie, ch. I, § VI ; L II. pp. 438*44 2 >