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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

« Ce qu on appelle non-être, dit-il ou bien nous le fabriquons en séparant 1 existence d’clle-mêmc, ou bien, possédant déjà l’être, nous formons un concept qui lui soit supérieur. Lors donc que, de l’existence, nous séparons l’existence même, nous ne surpensons pas le non-être comme supérieur à hêtre, unis nous concevons le non-être comme une fausse propriété, comme la propriété d une chose qui se quitte elle-même. Tonie chose qui existe vraiment cl par soi peut être réduite au non-être qui est supérieur à 1 être ; semblablement, toute chose (pii se retire elle-même de I existence se trouve conduite au iion-êtrr qui est la destruction et la ruine de F existence même. »

La Matière première étant un pur non-être, il n va pas lieu de se demander si elle est créée ou si elle existe par elle-même ; la question n’aurait absolument aucun sens ; on conçoit qu’elle n’ait été posée ni par Laideur de ni par hauteur du Livre 7ev Causes.

Telles sont les principales doctrines que contient le Lirez ? r/es Causes : extrait de Z/i/o/oÿiçMc de Proclus, mais extrait assurément et commenté par quelque philosophe judicieux et pénétrant, ce livre a distillé aux Arabes et aux Chrétiens du Moyen Age h essence la plus pure et la plus précieuse du Néo-platonisme hellénique.

III

LA PHILOSOPHIE DE DEXYS DU- L’AIIÉOPAGITE disciple immédiat de saint

Au cours du commentaire qu’il a composé sur le Livre r/es Causes, Saint Thomas d’Aquin cite, à maintes reprises, Denys, dont il compare la doctrine à celle de Proclus. Les analogies sont nombreuses, en effet, entre la pensée du philosophe néo-platonicien el celle de ce Denys, prêtre de Jésus-Christ, que le Moyen Age a confondu avec Denys l’Aréopagite,

Paul, comme avec Denis, premier évêque de Paris» Efforçc ms-iious de tracer ici une esquisse rapide, mais lidèle, de la Métaphysique professée par le philosophe chrétien. Cette Métaph vsique, en effet, a contribué sans doute à diriger te mouvement intellectuel que nous voulons étudier ici. File découle en très grande partie du large courant philosophique issu de Plotin et de Proclus ; mais Denys s’attribue à lui-même un précurseur plus immédiat, précurseur fictif peut-être, en i. Pnocu Op. faud., éd. cil., fol. 37, v°.