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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

la personne de Saint Uiérothée, qu’il nomme son maître et dont il nous conserve trois hymnes ; ces hymnes de Saint Iliérotliée, insérés par Denys au quatrième chapitre de son traité Des no/ns w/m’ tracent, en quelque sorte, le plan d ’après lequel le Pseudo* Aréopagite construit tout son système philosophique. be ces hymnes, le troisième ’formule les propositions suivantes : « Du Bien suprême émane une vertu simple qui est capable, par elle-même, de déterminer’ un mouvement vers une amoureuse union ; celte vertu sc propage jusqu aux extrêmes limites de l’ensemble des choses (pii existent ; de ces limites, cette vertu revient en arrière, et retourne vers le Bien suprême. » Ce double mouvement par lequel le Bien absolu descend en toutes choses pour y produire tout ce qu’elles ont de bon, et déterminer, dans ces mêmes choses, une tendance ascendante vers le Bien suprême, c’est l’objet que Denys propose incessamment à sa propre méditation.

Dès le début du traité De la hiérarchie cé/es,£e1 nous trouvons la description 3 de ce double mouvement : « Tout bien qui est donné à un être, toute perfection qui lui est accordée, viennent d’en haut ; ils descendent du Père des lumières. Toute émanation de l’éclairement que le Père a produit vient s’épancher en nous ; là, elle devient une puissance d’union, qui nous simplifie en nous rappelant en haut, qui nous tourne vers l’unité du Père en qui tout sc rassemble, vers la simplicité qui constitue la Divinité. » Bt Denys applique à ce double mouvement la parole de Saint Paul 4 : « Toutes choses viennent de lut et vont à lui ». Par le premier do ces deux mouvements, Funité et la simplicité de Bien répandent leur bienfaisante émanation dans la multiplicité des créatures ; par le second, la diversité des créatures tend à se fondre dans Funité divine ; écoutons Denys développer ces pensées en un langage qui sonne comme un écho des enseignements de Plotin “ :

« L’iùre (pii est par lui-même procède de la Bonté suprême et il réside en elle ; en elle sont les principes des choses et toutes les 1. O/jeraS. Dtonish Areopagitæ ew/n scho/n’s S. Maximl e/parqphrasi Pachymer. e a Balthasare Corrfiero Soc. Jesu doct. lheoL latine in ter prêtai a et notis theologicis iIlustrata. Antverpîæ, ex officina Plantiniaua Balthasaris Moreti. MDCXXX1JH. /à> di/d/ds nominibus, cap. IV, urlt. i5, 16 et 17 ; lomus I, pp. 568-570.

2. DvûNiSii Arbopagitæ De divinis nortiinîbus, Cap. IV, art. 17 ; éd. cit,, t. I, pp. 569-670.

3. Dionysk Areopagit e De ccelesli AZierarc/iia, Cap. 1 ; édit. cit. t. I, pp. 1-2. 4. Pauli EpîsioZa ad Romanojj, II, 36.

5. Droxisu Arkopagitæ Z)e dininis nortiinibus, Cap. V} art. 6 ; éd. cit., t. I, pp. 692-693.