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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

dans l’œuvre de Dcuys, l’Être premier de Proclus, « 1*Etre par qui sont toutes les choses créées », devient identique au Aûyaç, au Verbum dont saint Jean a écrit : « Omnia per ipsum fada surit, et sine //»/> factum est ni/ni qiiod factum est ». C’est le Fils « r/uem omnia fada sunt » qu adorent les Chrétiens-La Cause première, disait le Livre des Causes1 2, est supérieure à toute description ; et si toutes 1rs langues sont en defaut lorsqu’elles tentent de la décrire, cela tient a la manière meme dont Lètrc peut être décrit. Elle est, en effet, au-dessus de toute cause ; or la description d’un êtrci ne se peut faire sinon par les causes secondes qu’éclaire la lumière de la Cause première

Comme il n y a rien au-dessus d’elle et qu clic est au-dessus de tout, il en résulte qu’elle est la chose première et unique pour laquelle toute description fait défaut ; et s’il en est ainsi, c’est simplement parce qu’il if y a pas de cause au-dessus d’elle à l’aide de laquelle elle puisse être connue. Une chose n’est connue que par sa cause ; puis donc qu elle n est rien que cause, qu’elle n est aucunement effet, elle ne peut être connue à l’aide d une cause plus élevée ; elle ne saurait rire décrite, » Que la nature du Bien suprême délie foute description, c’est une des idées que Denys se complaît à développer ; Suint Thomas d’Aquin le rappelle en commentant le passage duLù’/v ? des Causes que nous venons de citer ; et comment, en effet, ne pas rapprocher des pensées du Philosophe nétf-platoniciencertaines pages duDocleur chrétien, qui expriment si bien ces mêmes pensées ? Selon Denys-, cm ne.peut pas dire du Bien suprême « qul est ceci et qu’il n’est point cela ; qu’il est de cette manière et qu’il n’est point de cette autre. Bien plutôt, il est toutes choses, car il est l’auteur de toutes choses ; il comprend d’avance en lui tous les principes, il contient les fins de tout ce qui est ; et en meme temps, il est au-dessus de toutes choses ; il est avant toutes choses d une existence transcendante et supra-essentielle. Aussi peut-on dire de lui qu’il est simultanément foules choses et qu’il ii’est aucune de ces choses ; il possède toute forme et toute ligure, et cependant il est sans forme et sans ligure. » On peut affirmer de lui des propositions qui semblent contradictoires3 : « 11 est immobile en même temps qu’il se meut, et cependant il n’est ni en repus ni en mouvement. » U est en toutes choses, il est foules choses, et. 1, Liber fie Ca nais, VI ; éd, cit., fui. Coll, a et b, 2, Diontsii Areûpagitæ Op. laïuL, Cap, V, art. 7 ; éd. ciL, l. 1, p. 6g5. 3, Dionvsji Aiœopagitæ Op+ Zawrf., Cap. , art. 10 ; éd, ciL, L Lp. 697. tJe mystica Theologia^ Cap. IV ; éd. ciL1 ? tr II, p, 45.