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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

n’est en aucune des choses qui existent, il n’est choses. »

l’étude du double mouvement par lequel ce Dieu toutefois, « il

aucune de ces

Revenons à

qu’aucune description ne pourrait définir, qu’aucune qualification ne saurait déterminer, descend vers les choses afin que les choses remontent vers lui.

Dieu esta la fois Beauté et Bonté ’. Cette Boulé divine est la raison d’être de F Amour de Dieu pour toutes choses ; par elle, « Dieu est cause de toutes choses* ; par l’excellence de sa Bonté, il aime toutes choses, il produit, perfectionne et conserve toutes choses, il tourne toutes choses vers lui. L’Amour divin est bon, il procède du Bien, il a le Bien pour objet. Cet Amour divin qui engendre la bonté dans tout ce qui est, préexiste dans la Bonté suprême ; mais il ne saurait demeurer en lui-même, infécond ; il se inet donc en mouvement afin d’agir en conformité avec l’excellence de sa vertu, qui crée toutes choses. » De ce langage-là, nous chercherions en vain le modèle dans les écrits de Plotin, de Proclus ou de quelqu autre philosophe antique. Le Dieu des philosophies païennes n’a jamais aimé 1rs êtres qui sont au-dessous de lui ; il appartenait au Judaïsme et, surtout, au Christianisme, d’enseigner au Momie que Dieu aime ses créatures, et que le bien venu de lui est le fruit de son amour et Follet de sa bienveillance.

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Platon, il est vrai, avait écrit3 que « Dieu était bon et <ju aucune jalousie à l’égard de ce qui est bien ne s’était jamais rencontrée en lui. o Aristote, après son maitre, avait répété1 : « La divinité n’est aucunement sujette à Fenvie. » Mais ce qu ils avaient entendu pur là, c’est simplement ce que le Livre des Causes développe si magnifiquement : Par son essence même, le Bien suprême produit, en tout être placé au-dessous de lui, tout le bien dont cet être est susceptible. Le Bien suprême « ne refuse donc pas* de se communiquer ; sans changer, il donne F être en pur don. (3 est une loi universelle que tout être arrivé à son point de perfection engendre un autre être semblable à lui1*, quoique moindre que lui1.

i. IhoNYsii Areoi’AGITÆ De dioinis nonunibus, Gap. IX, art. 8 ; éd. cil , 1.1, pp. 55(j-56o.

a. lïiûXYSii Areopàgïtæ O/ ?. Jaud., art. io ; ëd. cit., p. 563. 3. Platon, ’/‘ivtée, 32.

4. Aristote, Aféhip/iï/âivue, Livre I, ch. 2. 5. F. Ravaesson, Easai sur ïa Méfap/tÿstçue d’ArtsZoZe, Partie IV, Livre I, chapitre 111 ; t. H, pp. 432“4^4-

tk Plotin, EuncWes, Enn. V, Livre I, Ch. VI (Plotini Eu/ieuc/és, éd. Didot, p. 3o3).

7. Plotin, Enuéudes, Enut V, Livre I, Ch. VII ; éd. cit., p. 3o4<