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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

Proclus attribuait à Jamblique la composition du traité .$/»• /es mystères des Égyptiens. Il parait malaisé de souscrire à cette opinion. Cet écrit se propose de rapporter et de comparer entre elles les diverses doctrines alexandrines, et, particulièrement, d opposer celles de Jamblique à celles de Porphyre ; les noms de ces deux auteurs sc trouvent constamment cités l’un auprès de l’autre ; toujours, la préférence est accordée à l’avis de Jamblique ; il semble donc que la rédaction du traité Sur les mystères des Egyptiens ne doive pas cire attribuée à Jamblique lui-même, mais à quelqu’un de scs disciples, grand admirateur de renseignement du maître ; c’est, en tout cas, cet enseignement que nous rapporte le livre Des mystères.

Si 1 ’on veut accorder à Kavaisson que ce livre contient quelque mention de 1 amour de Dieu pour les choses inférieures, on devra reconnaître que cette mention est singulièrement fugace et indécise. Le traité Des mÿslères des Egyptiens parle en ers ternies de la providence des dieux1 :

« L’essence et la puissance des dieux garde partout sa vigueur, mais elle éclaire de préférence telle ou telle chose ; de même que la lumière demeure en elle-même, sans mélange ni division, et, cependant, éclaire 1rs divers objets, ainsi en est-il des dieux

La lumière des dieux, sans que sa totalité éprouve aucune division, est à la fois présente au Monde entier, encore qu elle puisse accorder principalement sa force à telle ou telle partie qui lui est mieux accommodée ; cependant, d une certaine manière, elle remplit toute chose, grâce à sa puissance parfaite et à Fiinmcnse excès de son pouvoir causal. Elle perfectionne donc toutes choses ; à Laide des intermédiaires, elle unit les extrêmes entre eux ; elle comprend en clic toute chose et vient sc réfléchir sur chaque être qui, par là, lui est uni.

» Le Monde, à son tour, imite ce don ; il l imite par son mouvement cyclique, par la connexion de ses parties en un seul tout, par cotte sorte de conciliation qui transforme les éléments 1rs uns dans les autres et transmet aux choses inférieures la force des choses supérieures

» Toute partie du Monde reçoit quelque chose de chacun des dieux, car chaque dieu est tout entier présent à chaque partie du Monde ; mais des parties différentes reçoivent des dons divers ; l’éther reçoit conformément à sa nature éthérée, l’air selon sa nature aérienne. »

i. Iamblichus Zà’ mysleri/>, cap. Jï ; éd. rit., fol. 3, v°#