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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

J

Assurément, ce langage n’est pas sans analogie avec celui que Denys tient en mainte circonstance ; niais il ne serait déplacé dans la bouche d’aucun néo-platonicien païen ; Proclus ne le désavouerait pas ; la providence des dieux s’y voit assimilée a la lumière ; elle n’y est pas considérée comme l’effet d’un amour* Il est vrai qu’un peu plus loin Jamblique, à « l’influx des dieux », attribue cette appellation : « L’amitié divine qui réunit toutes choses », Il creuse alors, plus profondément qu’il ne l’avait fait encore, la nature de l’opération par laquelle les dieux nous distribuent le bien*

« Il est nécessaire, dit-il que les dieux se comportent comme ils hi font ; cela n’est pas necessaire d’une nécessité qui leur serait imposée du dehors, mais d’une nécessité (pii leur est naturelle, qui est, pour eux, ce qu’il y a de meilleur, qui est donc volontaire au plus haut point ; s’il leur était proposé de choisir, ils ne voudraient point qu’elle fût autrement. »

« En Dieu

Jamblique3

et dans les dieux, qui sont des êtres bons, dit encore , la volonté du bien est plus excellente et, partant, plus libre que ne l’est notre pouvoir de choisir le bien. Ce n’est donc pas parce qu’on les invoque que les dieux sont mus à donner le bien aux hommes ; c’est spontanément qu’ils nous appellent au bien, qu ils viennent au secours de celui qui se tourne vers eux par l’invocation, qu’ils lui montrent quelque chose et lui eu font largesse. Les hommes peuvent être libres lorsqu’ils demandent ; combien plus libres les dieux lorsqu’ils donnent ! C’est en vertu de leur libre volonté du Lieu, de leur action éternelle et parfaite que les dieux sont bienfaisants à l’égard des hommes, après que ceux-ci se sont tournés vers eux pour les invoquer..*.* Les supplications rendent notre âme apte à recevoir l’influx des dieux ; cet influx lui parvient aisément, grâce à ramifié divine qui réunit toutes choses. »

Lorsqu’on parcourt toute la littérature païenne pour y découvrir quelque allusion à Lamour de Dieu pour ses créatures, on n’y rencontre rien de plus explicite ni de plus précis que ce qui vient d’etre cité, Qu’il y a loin, de ces indications fugitives à la doctrine d un Denys ! Et comme, en celle-ci, le Néo-platonisme se montre profondément transformé par le Christianisme ! Que Dieu, donc, aime les créatures, et que cet amour soit la cause qui détermine son action bienfaisante, c’est ce que tout le ï* Iamblichus Dp cap. IX ;éd., cit. fol. 4 , 2* 1AMBJ.ÏC1I1 Û/A Zaud., cap. XI ; éd. cit., fol. 4, r<*. 3. Iamulichi /aud., cap. IX ; cd. cit., fol. 4» ’1°-