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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

thèmes favoris’de la philosophie stoïcienne ; c’est ce thème que développaient les beaux vers de Marcus Manilius*. En ce point, connue en beaucoup d’autres, le N éo-platouismc s’était mis à l’école du Stoïcisme ; Plotin, par exemple, avait parlé de la connexion des diverses parties de l Univers comme l’eût pu faire le plus fidèle disciple de Chrysippe U L’enseignement de Plotin avait été recueilli par ses successeurs ; nous en retrouvons, par exemple, un souvenir très exact dans le traité les songes composé par Synésius. « L’Univers, dit Synésius3, compatit à lui-même et conspire avec lui-même ; il faut donc que les parties de cet Univers conviennent et s’accordent les unes avec les autres, en tant quelles sont parties d une chose une et d’un tout Entre ces diverses parties, il y a une sorte d’accord et, aussi, un certain désaccord ; le Monde, en effet, n’est pas simplement une chose une ; c’est une chose une composée de plusieurs choses ; en lui, donc, les parties sont tantôt concordantes et tantôt discordantes ; mais leur désaccord même aboutit à 1 accord de 1 Univers ; de même, dans une Ivre, il sc trouve des tons dissonants et des tons consonants ; mais, à la lyre comme au Monde, il. appartient d unir les opposés en vue de l’harmonie de l’ensemble. » Si, d ailleurs, Synésius, comme Plotin, comme les Stoïciens, décrit cette harmonieuse connexion des diverses parties de l’Univers, c’est, comme Plotin et comme les Stoïciens, afin de justifier les diverses sortes de divination.

« Toute chose, dit-il, est. signifiée par tonte chose 4, car, dans le Monde (pii forme un être animé unique, toutes les choses sont apparentées entre elles ; ces choses sont donc comme des lettres de toutes formes, phéniciennes, égyptiennes, assyriennes ; elles sont écrites dans l Univers comme dans un livre. Ces lettres, le savant les lit ; et le savant, c’est celui (pii a étudié la nature des choses, »

« Il est savant*, celui (pii possède la. parenté que les diverses parties du Monde ont entre elles 11 peut, en effet, les tirer l une par l’autre ; il tient celles ([ni lui sont présentes comme des gages de celles qui sont absentes* »

1. Voir : Première partie, Ch. XÏI1, £ VI ; t. Il, pp. 3o5-3o8, 2. Voir : Première partie, Ch. XIII, § VU ; t, U, p. 313* 3. Synésius De soniriiis tra/islalus a Maksilio Fiqino Flokentino ad Petru/n Afedicrn Cap. 1H eoruni qnae hoc intibro habenfur .. Synésius Platonicus tle somiùh. .. Venetiis, in aedthus Aldi et Andreae, MDXVI. Fol. — Pour la description de cette édition, v. p. 3/|6, note i). Synesii Op. /««M/., t’ap. Il ; éd. cit., fol. 44, rù. a. Synesii ÛJp* Zatld., Cap, Ul ; éd, cil., foL 44,