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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

trouve, ça et là, dispersée dans la nature ; il peut, de toutes parts, la ramasser en une seule puissance. La dériver vers un seul objet ; ainsi, de ce désir d une union nécessaire, qui était naturellement modéré, il fait, à Faide de ses machines, un désir effréné. » Assurément, ces considérations de Jamblique sur les actions mutuelles des diverses parties de 1’1 .‘nivers ressemblent à celles que Denys présente sur le même sujet ; de part et d autre, les idées essentielles son ! les mêmes, mais elles ne sont pas développées selon les mêmes proportions ; F Auteur chrétien insiste surtout sur la commune tendance vers l’harmonie universelle que I action divine développe entre les corps d ici-bas ; EAutcur païen met en plus vive lumière les forces qui, dans ce Monde, contrarient ce désir de concorde et d’union ; Jamblique ne dit que quelques mots de l’amour qui tend à La paix ; c’est de cet amour pacifique (pie, d’une manière presque exclusive, Denys nous entretient. Dans sa. synthèse chrétienne, Denys a réuni en un meme faisceau quelques unes des pensées essentielles des diverses philosophies païennes.

Que, du Bien suprême, le bien s’épanche sur tontes les choses inférieures, c’est une des doctrines favorites du Néo-platonisme ; le Lb ?re f/c.v La magnifiquement développée* Cette doctrine, Denys s’eu empare, mais il la christianise ; cet épanchement du bien n’est plus le débordement spontané et nécessaire d’un vase trop plein ; il esl un don libre de la bienveillance et de L amour.

Que les choses inférieures aiment le Bien suprême, qu’elles tendent vers bu et que cette tendance soit cause de tous leurs mouvements, c’est une des doctrines essentielles du Péripatétisme ; elle est le couronnement de la d’Aristote. Cette doctrine, Denys s’en empare, mais il la christianise ; cet amour des choses inférieures pour le Bien suprême, les choses ne le tirent pas de leur propre fonds ; il n’est que la réflexion, en elles, de l’amour que le Bien suprême a pour elles. Qu’entre les choses du Monde existe une sympathie qui assure Fordre du Monde, la persistance des choses dans leur être, l’équilibre de celles qui doivent demeurer en repos et la circulation perpétuelle et régulière de celles qui doivent être toujours en mouvement, c’est une doctrine que le Stoïcisme se complaît à développer, dette doctrine, Denys s’en empare, mais il la christianise ; Fharmonic du Monde, à son gré, n’est plus l’effet d’un implacable destin imposé par la Raison divine ; elle résulte d’une amoureuse tendance qui porte les créatures les unes vers les