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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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autres ; et cette tendance no diffère pas de l’amour qui les porte vers le Bien suprême ; comme cet amour, elle provient de l amour de bien pour ses créatures.

Ainsi, dans la Métaphysique de Dcnys, Néo-platonisme, Péripatétisme, Stoïcisme confondent leurs enseignements ; et ce qui accorde et concilie entre eux ces enseignements divers, c’est la doctrine chrétienne de l amour divin.

De la théorie que nous venons d’esquisser, l’influence sur la Théologie chrétienne fui extraordinaire* ; comment ne Feût-elle point été, alors qu’on pensait reconnaître dans Fauteur un disciple immédiat de Saint Paul et le premier évôque de Paris ? Mais on pourrait également soutenir avec vérité qu’elle ne fut pas sans eilet sur les progrès de la Science positive. L affirmation que les choses de ce Monde tendent amoureusement les unes vers les autres favorisait les Platoniciens de la Benaissance, car, pour expliquer les mouvements des corps, ils substituaient des attrac* tions mutuelles aux principes admis par le Péripatétisme* ; or, au premier rang de ces Platoniciens, il faut placer le cardinal Nicolas de (mes, dont la Métaphysique est toute imprégnée des pensées du Psendo-Arropagitc. D’autre part, Kepler soutint le premier qu une attraction porte toute niasse matérielle vers tonte autre masse matérielle ; or Kepler était grand admirateur de Nicolas de (mes. Ainsi, par l’intermédiaire de Nicolas de Cties et de Kepler, nous* serait-il donné de reconnaître, dans la théorie de la tendance amoureuse des choses les unes vers les autres, affirmée par Denys, le germe de la théorie de l’attraction universelle que Newton devait un jour développer.

Ne nous arrêtons pas plus longtemps à cette méditation ; revenons aux jours oii le génie hellène continuait encore de penser ; dans F apocryphe T/iéo/offie d* Ari*Me, que nous allons maintenant analyser, nous discernerons la trace d’enseignements qui sont venus très certainement du Christianisme et, peut-être, de Denys. IV

la Théologie d’Aristote

Avec le Lier/ ? Cauxex, nous étions bien loin de la Métaphysique péripatéticienne ; de la matière, de cet être en puissance qui est à la base de toute théorie proposée par le Stagiritc, nous n’entendions même pas prononcer le nom ; et si le mot de forme était