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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

C’est maintenant l’influence manifeste de Proclus que nous allons reconnaître en la description, donnée par la Théologie d’Aristote, de la vie de F Intelligence.

I/Intelligence comprend (inlelligit) sans cesse. « H n’arrive jamais1 que l’Intelligence cesse de comprendre ; l’action de comprendre (intrllecfio) est sa substance même ; en elle, ce qui comprend (Intelligent) et ce qui esl compris (intellectus) sont une meme chose. »

« L’objet unique de la contemplation de l’intelligence c’est sa propre substance ; en sorte que Faction par laquelle elle comprend (Intellectio), c’est sa substance même L’Intelligence demeure donc immuable et immobile..... Si l’intelligence se meut, elle se meut d elle-même à elle-même, cl point autrement ; elle ne part pas d’elle-même pour aller à des choses qui lui soient extérieures et revenir de ces choses à elle-même ; les choses, en effet, elle les contient toutes et c’est sans cesser de les contenir qu’elle les amène à l’existence. Son mouvement est donc absolument uniforme et exempt de changement. Or un tel mouvement est semblable à un repos L intelligence ne se meut aucunement, car toutes choses sont devant elle ; elle contient en elle toutes les choses qui procèdent d’elle et qui doivent revenir vers elle. »

Ce mouvement uniforme de F Intelligence, identique à l’opération par laquelle elle se comprend elle même, c’est lui qui donne naissance à toutes les substances inférieures. « Le mouvement de 1 Intelligence c’est l’acte même de comprendre ; c’est ce mouvement qui donne la vie et la perfection aux diverses substances. » bouc, pour l’intelligence, connaître les choses et les créer, c’est tout un ; et d’ailleurs, l’opération par laquelle elle connaît les choses esl identique à celle par laquelle elle se connaît à elle-même, «En regardant sa propre substance ’, l’intelligence voit les autres choses ; elle est identique à l’objet de sa. connaissance, qui est sa propre substance offerte à sa contemplation, et cette substance contient tous les êtres inférieurs. L’est pourquoi un sage a dit ; « Le Dieu suprême a créé l’intelligence afin qu elle 1. ÀRISTOTE1.I8 Theologia, lili. VIII, cap. IV ; éd. i5ig, fol.58, verso ; éd. >072, fol. 67, verso.

2. Arïstotelis Theolwjia, Jtb, H, cap* IV ; éd. i5uj, fol. 6, verso, cl fol, 7, recto et verso ; éd 1572, fol, 11, recto et verso, et foi, 12, recto. 3. Ahistotelis Theolwjio, HK VIII, cap. IV ; éd. i5igr fol. 38, verso ; éd. i.>72, fol. 67, verso*

4. Ahistotelis Theologia, lib. Il, cap. III ; éd. i5ig, fol. 6, verso ; éd. [072, fol. jo, verso,

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