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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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Aristote a établi 1 que toute substance résulte de trois principes qui sont la matière (ÛArJ, la forme (etoo ;) et la privation Il a dit aussi2 que la forme ne se désire pas elle-même, car elle ne manque pas d’elle-même ; elle ne désire pas non plus la privation qui serait sa destruction ; mais la matière désire la forme « comme L’épouse désire l’époux et comme le laid désire le beau. » Ce (pii est privé du bien et le connaît, désire ce bien et se meut vers lui ; c’est ainsi que le Bien suprême se trouve être la cause du mouvement des sphères célestes, car il est l’objet aimé par l’intelligence qui préside à chacune de ces sphères L Tel est le germe que contient le Péripatétisme ; de ce germe, voyons quelle doctrine est issue dans la Théologie d’Aristote. Doux principes, empruntés de toutes pièces a la Métaphysique d’Aristote, dirigent cette doctrine*

En premier lieu, ce qui esl en puissance ne peut passer à Pacte que par l’œuvre d’un être qui, déjà, se trouve en acte ; toute mise en acte est donc logiquement postérieure à l’existence de l’agent A En second lieu, l’existence en acte est pins noble que l’existence en puissance en sorte que le passage de la puissance à Pacte perfectionne F être qui le subit*

Toute substance existe actuellement par l’union de la matière et delà forme G ; elle devient plus parfaite lorsqu’on elle, la matière, c’est-à-dire la puissance, reçoit la forme qui la met en acte ; toute matière a donc appétit de la forme. Or, en la matière, cette forme est imprimée par un être (pii est l’exemplaire et le modèle de la substance à produire ; la matière désire donc cet être en qui est sa forme ; elle se meut vers lui et, par ce mouvement, acquiert Inexistence actuelle ; 1 exemplaire est le moteur de ce mouvement. De moteur en moteur, on remonte ainsi jusqu’à Dieu, en sorte que toutes choses désirent Dieu, que toutes se meuvent vers Dieu, (pie toutes existent actuellement par Dieu. Seul, Dieu, étant à la fois toute puissance et tout acte, ne désire rien en dehors de 1. Aristote, P/if/sir/ite, Livre L ch, VI, Vil et IX (Aristotelis Opéra, éd. Dîdot, t. Il, pp. 255-2,j8 et pp. 25g*2f)Oî éd. Bckker, vol. I, pp. 189-191 et pp. 191*192. l7(/e supra, t. L pp. i58-i5g).

2. Aristote, Physique, livre I, ch. IX ; éd. Dîdot, t IL p. 260 ; éd. Bekker, p. 192, col. a.

3. Aristote. Mé/ap/tysi^ue, livre XL ch, X TJ ; éd. Didot, t. IL p- 6o5 ; éd. Bekker, vol IL p. 1072, coll. a et b. — 1777c supra, t. I, p. 170. 4- Aiustotelis tVieo/ayra, lib. UI, cap. HT ; éd. 1619, fol. 4» verso ; cd. 1672, fol. 24, recto.

5* Aiustûtelis TÂeoZogia, lib. 111, cap. III ; éd. i5i<), fol. 5, recto ; éd. 1672, foL 24 ? verso.

6, Ahistotelis Theologia, lib. IV, cap. I ; éd. 1.U9, foL 18, verso, et foL 19, recto ; éd. 1672, foL 3i, recto et verso.