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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

accorder à ces mêmes enseignements une plus ferme confiance. »

Jean de Murs nous apprend qu’à la suite de cette observation, il avait compose une Table des entrées du Soleil dans le signe du Bélier. Il termine son opuscule par ce défi [1] :

« Et ainsi moi, Jean susnommé, et mes seconds, nous nous tenons et nous tiendrons garants des susdites entrées du Soleil et de ce qui est ci-inclus, envers tous les astronomes et leurs héritiers ; nous les défendrons contre tous les envieux qui les voudraient critiquer, contre les ignorants et contre ceux qui méprisent les dires d’autrui, contre toute personne religieuse ou mondaine, par devant tout juge, mais spécialement par devant l’astrolabe et l’armille, juges qu’on ne saurait fléchir par la prière ni fausser par des présents pour les engager à taire la vérité.

» Cette œuvre a été achevée en ladite année et audit jour. Amen. »

Jean de Murs était étudiant près la Faculté des Arts en 1318, alors qu’il fit, à Évreux, l’observation qu’il vient de nous exposer. Bientôt, nous le trouverons théologien et associé de la Maison de Sorbonne ; mais l’étude de la Science sacrée ne diminuera pas en lui l’amour de l’Astronomie et des autres sciences mathématiques ; nous allons le voir, en effet, produire une série d’ouvrages relatifs non seulement aux mouvements des astres, mais encore à l’Arithmétique et à la Musique ; la plupart de ces ouvrages auront grande vogue au Moyen Âge et à l’âge de la Renaissance.

Un manuscrit de la Bibliothèque Nationale [2] nous garde, de Jean de Murs, deux écrits, liés l’un à l’autre, et qui sont intitulés Tabula tabularum et Canones tabulæ tabularum ; ces canons se trouvent également, sous le titre de Canones tabularum Alfonsii, dans un manuscrit conservé à Oxford [3]. Or ce dernier manuscrit porte la mention : « Compositi Parisiis in Sorbona per Jo. de Muris », tandis qu’au manuscrit parisien, nous lisons [4] : « Expliciunt canones tabule tabularum edite a Magistro Johanne de Maris anno 1321 » Dès l’an 1321, donc, Jean de Murs était à la Sorbonne ; il y dressait une table tirée de celles qui existaient déjà et, particulièrement, des Tables Alphonsines ; il formulait, ce que n’avaient pas fait les astronomes d’Alphonse X, des canons qui réglassent l’usage de cette Table des tables.

  1. Ms. cit, fol. 160, Io.
  2. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7401, foll. 115 seqq.
  3. M. Steinschneider ; Intorno a Johannes de Lineriis (de Liveriis) e Johannes Siculus (Bulletino di Bibliografia e di Storia delle Scienze mathematiche e fisiche pubblicato da B. Boncompagni, t. XII, 1879, p. 348.
  4. Ms. cit, fol. 124.