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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

mi être’, l’intelligence active, capable de recevoir 1 illumination de sa splendeur ; il convient donc qu’il produise cet être. De même, il convient que l’intelligence produise l’Ame, œuvre capable d’être éclairée par elle. L’Ame, à son tour, descend du Monde supérieur dans le Monde inférieur, afin de pouvoir manifester les puissances que sa vie recèle. La Nature, enfin, œuvre de l’Ame, a besoin d’un objet inférieur à elle, auquel elle puisse imposer sa forme, qui en puisse recevoir l’impression et qui soit, par elle, attirée vers le haut. Partant, chacun des êtres qui s’échelonnent entre l’I’n et la Matière première agit sur l’être qui se trouve immédiatement au-dessous de lui et l’attire vers lui. Si chacun de ces êtres agit ainsi sur l’être immédiatement inférieur 8, c’est qu’il contient en lui des forces et. des puissances ; il désire mettre ces forces en œuvre, transformer ces puissances en actes : il faut, pour cela, qu’il trouve une matière capable de recevoir la forme qu’il lui veut imposer.

Eu bas, donc, une puissance qui veut passer à l’acte, une matière qui désire la forme ; en haut, un agent qui aspire à développer les pouvoirs contenus en lui et qui produit l’objet capable de recevoir ces opérations. En bas, mouvement d ascension de la puissance vers l acté ; en haut, mouvement par lequel l’agent descend vers son objet afin de l’attirer vers lui ; voilà ce que nous trouvons en toute création.

C’est le Créateur 3 qui envoie à la créature ce désir du bien, cet. appétit qui la meut vers lui, et il le lui envoie parce qu elle est le réceptacle au sein duquel les forces qui sont en lui pourront produire leur effet. Lors donc que la créature aspire au Créateur afin de l imiter, c’est par lui qu elle est mue. Comme le veut la Philosophie péripatéticienne, son mouvement est produit par un moteur extérieur qui en est, à la fois, la cause efficiente et la cause finale, a quo et ad qitem.

La créature en puissance désire l’agent qui lui donnera 1 existence actuelle ; le Créateur désire la créature en laquelle ses forces produiront leurs effets ; le premier désir, la Théologie d’Aristote, répétant le propos du Stagirite, l’a déjà comparé à l’amour de la femme pour son époux ; le second, elle va l’assimiler à l’amour du mari pour son épouse ; le double mouvement de la. créature vers 1. Aiustotelis 77ieoZôgrta, lib. Vil, cap. H ; éd. 15jfol. 3i, verso, et fol. 3•*, recto ; éd. 15 ;fol. 56, recto et verso. 2. Aiustotelis 77iFoZogta, lib. VII, cap. 111 ;ëd* i5ig, fol* 82, recto ;éd. tâyî, fol. 56, verso, et fol* 07, recio et verso*

3. Aiustotelis /Mhÿûf, lib* X( cap. XIX ; rd. i5ig, fol. 5g, recto et verso ; cil. fol* i}8, verso, et fol. g<j, recto.