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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

« H faut donc accorder à 1’àmr ces deux manières d’être différentes 1 * ; d’une part, elle est une certaine I ntelligence en puissance ; d’autre part, elle est line certaine Intelligence qui est en acte, qui est parfaite, qui est entièrement exempte de puissance et de devenir (lotte Intelligence est séparée de tout corps, impassible et pure de tout mélange. Quant â celle que nous nommons FIntelligem-c en puissance, bien que nous lui attribuions également la plupart de ces caractères, elle est, cependant, plus intimement unie (auuyu/ ;) à l’âme ; je ne dis pas à toute àme, mais seulement à Fâme humaine. »

Quel sont, dès lors, avec l’âme humaine, les rapports précis de ces deux Intelligences ? Pour répondre à cette question, Thémistius, visiblement guidé par P loti n, recourt â la théorie qu’il professe touchant les rapports de la nature spécifique avec Findividu. (Je qu’il va dire aura tant d’importance, durant tout le Moyen Age, qu’il nous le faut écouter avec soin, qu’il nous le faut comparer aux opinions de ses prédécesseurs et de ses contemporains. « L espèce existe », dit Platon elle existe d une existence infiniment supérieure à celle des individus, car les individus naissent, changent et meurent, tandis que l’espèce est éternelle et immuable. Socrate est mort ; Platon vit d’une vie (fui est un perpétuel devenir et (fui prendra lin ; mais, l’homme en soi demeure sans fin, perpétuellement identique à lui-même. A cette espèce éternelle, â cette espèce qui existe hors des individus, plus vraie, plus réelle que les individus, Platon donne le nom d’eloo ;.

Pas de théorie qui, plus que celle-là, répugne à la raison d Aristote. Entre ces tiois notions : F espèce, l’être réel (to üv), Findividu (tq svb Aristote veut bien que l’abstraction établisse des distinctions, mais il ne veut pas que ces distinctions soient transportées dans le domaine de la réalité. « L homme individuel3, l’homme réellement existant et l liomine en soi. c’est même chose. I xùS yitp î ;; ivOptom ;, xal wv avAptoraç xat àvOpwmç. » Puisqu’ils sont mie seule et meme chose, il n’v aura aucun inconvénient â •L

les désigner par mi seul et meme nom, par ce mot owiot, que les Scolastiques ont traduit par et qui, dans la langue d’Aristote, prend un sens si flottant

i • _

2. Platon, Tintée^ 51-52 { Platonis Opéra, éd, Didot, vol. Il, p. 219). 3. Aristote, livre III, eh li (Aristotelis Opéraéd l iiÈMi^Tius, /or. ei7. ; éd. cit», p. 98. ■

. _ _ ch li (Aristotems Opéraéd. Didot,

l. M. p.. 5oo ; éd. Befcker, vol. JI, p. ioo3, col. b). 4. L7™7e.r tfristo/e/Zcus, si soigneusement composé, que PA codé mie de Berlin a joint à son édition des œuvres d’Aristote fait observer que : « Hecher-