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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

séparée îles individus multiples, ditiucts, mor-Sans doute, entre les individuelles d’une même espèce, il y a, au gré d’Aristote, quelque chose de commun. Ce quelque chose, (jue les Scolastiques devaient un jour nommer /orwa su6jiïantiafis, Aristote le nomme, parfois, y.cri/’ ; mais, plus souvent, il continue de le désigner par ce nom d’sïôo ; qui, pour Platon, désignait l’espèce en soi, fespèce éternellement subsistante. < Cependant, ne nous y trompons pas ; Pswû ; n’est plus quelque chose qui existe, hors des individus, d’une existence réelle ; l’abstraction seule, dans les individuelles et réellement existantes, distingue I’eloo ;, constitutive de l’espèce, et la üat, qui, en chaque individu, lui sert de support, de ûwxupr/ov ; l’-Loo ; ne peut exister à part de la ukiq qui l’individualise.

Les Platoniciens reprennent tous, en cette question, la tradition de leur maître ; tous, ils croient à I existence de l’espèce une, éternelle, immuable,

tels et changeants. Mais, lorsqu’il s’agit de formuler celte doctrine constante, ils emploient des termes divers et variables* Souvent Plotin use du mot sioo ; pour désigner P espèce immuable, tandis qu’à chacun des individus de cette espèce, il réserve le nom d’onia. Nous l’avons entendu l, par exemple, imaginer qu’on subdivise un corps homogène en plusieurs parties ; à chacune des masses, distinctes les unes des autres, que produit cette subdivision, il a donné le nom d’oû^ix ; puis il a déclaré que toutes ces étaient de même espèce (opLostSeï ;) ; qu elles portaient, toutes, une seule et même espèce (eïoo ;) indivise. Mais à cette espèce qui garde son unité au sein d’individus multiples, il compare l’Ame humaine, unique, bien qu’elle anime tous les hommes ; et voici" qu’à cette Ame séparée, considérée ainsi dans son unité, tout comme aux âmes incorporées et individualisées, il donne le nom downa ; « elle est, dit-il, une oùyia unique en plusieurs oÙtioa, nia sv TzôAAaïç. » Et de même, Porphyre en plusieurs où^iai, oiio-ia piot £v -oAAai ;. dit3 que cette Ame demeure une par son oû

oûodav), tandis que, dans les divers hommes, elle se trouve différenciée par les qualités et par les autres formes (roï ; àXXüiç sÎSêg-’.j. 11 est bien clair que le langage de Plotin et de Porphyre est cher pleinement quel usage Aristote a fait du mot ce serait exposer la philosophie même d’Aristote. » (Aiustotelis Edidit Acadenda Regia Borussica, vol. V : Aristotelis /ere/xwîOzr libroru/n /rag/nenla. Se/ioliorurn in Aristolelem suppfe/nenlamM /rtàeæ Aristote/icus. Berolini. rhyo, P. 544, col. a).

1. Fà/e sup/Yï, p 38o.

2. Plotini Ennearfis /F^lib. IX, cap. V ; é(î Didol, p. 297. 3. Porphyhh PHfLûsûPHi Senlentiœ ad intelligibilia ducentes ; éd. Didol, p. XUV.