Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
399
LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

L’Ame raisonnable, à son four, produit l’Anie sensitive et, en lui donnant l’existence actuelle, elle la perfectionne Mais, d’autre part, l’Ame raisonnable ne pourrait, si 1 âme sensitive n’existait pas. connaître les formes sensibles s. Elle n’a d elle-même, et dans sa propre substance, aucune de ces formes ; elle est simplement une puissance capable d’extraire de telles formes par voie d’abstraction et à partir des données des sens ; et celte puissance réceptive, également apte à concevoir toutes les formes, ne peut avoir, à leur égard, cette indifférence parfaite que si elle est, d avance, dénuée de chacune d’elles.

L’Ame raisonnable 1 * * n’atteindrait donc pas, elle non plus, sa perfection sans le secours de l’Ame sensitive ; sans celle-ci, elle n’aurait aucune connaissance des choses qui tombent sous les sens, des choses qui se voient, s’entendent ou se touchent ; et cette connaissance des choses sensibles développe, eu l’Ame raisonnable, la science des choses intelligibles, c’est-à-dire 1 union de cette Ame avec l’intelligence active.

Ainsi l’Ame sensitive 4 désire sou union avec l’Ame raisonnable dont elle tient son existence actuelle et sa perfection ; et, inversement, l’Ame raisonnable désire d’être unie à l’âme sensitive sans laquelle elle n’aurait plus occasion d’épurer les formes naturelles et de les réduire à l’état où elles peuvent être comprises par son essence. Chacune de ces deux âmes a besoin de l’autre. « Aussi rintelligence en puissance et l’Ame sensitive de l’homme se chérissent-elles mutuellement, à cause de l’indigence qui les allccte toutes deux ; elles s’unissent alors dune union substantielle qui amène à sa perfection l’existence de l’homme ». Le désir mutuel que nous venons de constater entre l’intelligence en puissance et Pâme sensitive, nous 1 allons voir naître, pour une raison toute semblable, entre rintelligence active et rintelligence eu puissance ; il va déterminer ces deux Intelligences à s’unir en mie substance unique.

L’Ame raisonnable * doit son existence a rintelligence active ; l Aiustotelis l’heoloffia^ lib, X, cap. VII ; ed. loig, fol. 4g, recto ; éd. 1672, fol 83, verso. rt fol. 84, recto.

2. Ahistotelis rrheologiat lib. XII, cap. VI ;éd. iôig, fol. 65, verso ;éd. 1072, fol. 11 o, verso.

3. A tus un eus Theologia, lib. X, cap. Vil ; éd. i.ug, fol. 4g, recto ; éd. 1672, fol, 83,verso, et fol. 84, recto. Lib. X, cap. X ; éd. iôig, fol. jo, verso ; éd. 1072, fol. 86, verso.

4. Ahistotelis T’AeoZopïa, lib. X, cap, IX ;éd. i5ig. fol. 5o, recto ; éd. 1072, foL 85, verso.

5. Aiustotelss Theolofjicty lib. X, cap. XV ; éd. i3ig, foL 54, recto ; éd. 1072, fol, <j2j recto.