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LE NÉO-PLATONISME ARABE

de matière possède en nous, lorsqu’il est pensé, et pendant le temps que nous le pensons, une existence identique à 1 existence qu’il a par lui-même...

» Ces formes-là ne peuvent être pensées d’une manière complète avant que tout le reste de lintelligible ou, du moins, la plus grande partie de cet intelligible n’ait, été converti en intelligible actuel ; pour quelles puissent être complètement pensées, donc, il faut que l’intelligence acquise existe déjà ; alors seulement ces formes sont connues ; alors elles jouent le rôle de formes à l’égard de notre intelligence, en tant (pie celle-ci est déjà intelligence acquise.

» A la fois, donc, rintelligence acquise sert de sujet à ces formes et de forme pour 1 intelligence en acte ; cette dernière, de son côté, lient lien de sujet et de matière à l’infelligeitce acquise ; l’intelligence acquise, à son tour, est une forme pour l’intelligence en puissance et celle-ci est une matière pour celle-là. » De même (pie I intelligence en puissance devient intelligence en acte lorsqu’elle reçoit les formes que l’abstraction a tirées des corps extérieurs ; de même (pic 1 intelligence en acte devient intelligence acquise lorsqu die s’enrichit des formes élaborées à partir de ses propres concepts ; de même 1 intelligence acquise devient Intelligence active lorsqu’elle pense les formes qui sont, par nature, exemptes de matière. Cette expression, donc : Ce qu’eut, en nous, !’ Intelligence active, désigne simplement ces formes, exemptes de matière, en tant qu elles sont pensées par nous. On voit par ce qui précède qu’une grande ressemblance unit rintelligence active, telle quelle est en nous, à l’intelligence acquise et à l’intelligence en acte. L’Intelligence active « est1 une sorte d’intelligence en acte ; elle a une grande analogie avec l’intelligence acquise ». « L Intelligence active2 est une sorte d’intelligence acquise. » relies sont les formules par lesquelles Al b’ârAbi se plaît à constater cette ressemblance. Mais l lntelligence active n’existe pas seulement dans notre àme ; elle existe aussi en elle-même ; elle est un des êtres qui composent 1* Univers. Rappelons-nous, en effet, ce principe, énoncé il y a un instant3 : « Ce qui consiste en formes exemptes de matière a, en nous, Lorsqu’il est pensé, et pendant le temps (pic nous le pensons, une existence identique à l’existence qu’il a par luiméme. » Nous en conclurons que l’ensemble des formes exemptes A

1. Alfârabj’s «d/j/taWhnn/ert, p. 73.

2. Alfàrabi’s Abhandlunyen, p. 7».

3. Alfarabits AWiand/un&en, pp. 71*72.