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LE NÉO-PLATONISME ARABE

où Al l’Aràbi formule cette assertion1 mérite d’être rapporté en entier :

« Qu’il existe une Intelligence active, Aristote l’affirme en son traité De Pâme. Toutefois, cette Intelligence ne paraît pas être sans cesse en action ; tantôt elle agit et tantôt non. dette interruption dans l’action manifeste nécessairement un changement d’état, en sorte que l’intelligence active passe d’un état à un autre. » Si cette interruption dans l’activité sc produisait de telle manière que l’intelligence active cessât parfois de manifester ce qui est sa plus haute perfection, Je changement ne porterait pas simplement sur les étals de cette Intelligence ; il constituerait un changement de nature ; car ce qui en est la plus haute perfection eu constitue la nature. Alors, cette Intelligence serait tantôt en puissance et tantôt en acte, et tandis qu elle serait simplement en puissance, c’est sa matière qui serait actuelle. Mais nous avons démontré plus haut (jue jamais T Intelligence active n’est unie à une matière. Il est donc démontré par ce qui vient d’être dit que l’intelligence active demeure toujours en ce qui est sa perfection la plus haute, et qu’il lui faut, cependant, passer dun état à l’autre. » Puisque ce défaut ne saurait provenir de la nature de F Intelligence active, nous (levons, bien plutôt, en chercher la raison dans ceci, que l’intelligence ne trouve pas toujours des choses passives sur lesquelles elle puisse exercer son action ; ou bien, en particulier, dans ceci, que la matière ne fournit pas ce qui pourrait servir de sujet à certaines formes ; ou enfin recourir aux deux causes à la fois.

» Il est clair, par cette démonstration, que Flntelligenee active ne saurait aucunement être tenue pour le principe de foutes les choses qui existent ; parfois, en effet, son action requiert qu’une certaine matière soit présente, mais rencontre un obstacle dans l’absence de cette matière ; la nature de cette Intelligence ne contient pas des forces qui suffisent à rendre toutes choses parfaites ; il est beaucoup de choses, dans la Nature, que l’intelligence ne peut conduire à leur achèvement.

» Ce défaut dans la nature de l’intelligence active montre que celle-ci dépend d’un Auteur autre qu’clle-mêiiie et extérieur à elle-même. Il faut donc qu’il existe un principe plus élevé, une autre substance qui vienne au secours de l’intelligence active en lui fournissant une ma Itère à l’aide de laquelle elle puisse créer. » Il est clair, d’ailleurs, que ce principe dont l’intelligence i. Alfahabi’s Abhandlungen^ pp* 77-79.