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LE NÉO-PLATONISME ARABE

sans aucun enseignement didactique et sans aucune acquisition d’origine sensible ; ainsi est donnée la connaissance des premiers principes...

» Le second est une acquisition qui se fait par l’intermédiaire du raisonnement discursif et de la pensée démonstrative ; ainsi advienneut en l’âme les espèces intelligibles qui font l’objet des considérations logiques. »

« Enfin ’, le pouvoir qui perçoit et saisit ces espèces intelligibles acquiert aussi, parfois, des formes ou espèces intelligibles qui lui viennent du sens, à l’aide d une certaine aptitude (ingenium ) qui lui est innée et naturelle. »

« L’intelligence en puissance s ne devient intelligence en acte que par la venue d’espèces d’intelligibles ; elle passe à l’acte au moment où ces espèces lui advienneut et s’unissent à elle ; en même temps, elle les tire vers l’actualité, elle les réduit à l’existence actuelle ; c’est pourquoi l’on dit que l’intelligence en acte est, en même temps, ce qui connaît et ce qui est connu (inlelligens et intellect uni). »

L’intelligence en puissance, « la simple substance intellectuelle ’ sc trouve seulement chez les fout jeunes enfants, alors qu’ils sont encore dénués de toute forme ou espèce intelligible. Arrive ensuite, sans le secours d’aucune science ni d’aucune démonstration, la connaissance des premiers principes. Il est impossible d’échapper à cette alternative : Ou bien l’âme acquiert la connaissance de ces principes à l’aide du sens et de l’expérience, ou bien cette connaissance est produite par une émanation divine à laquelle l’âme est unie, soit d’une manière continue soit par intermittences. » Avicenne démontre que l’expérience sensible ne saurait donner à l’âme ces toutes premières espèces intelligibles ; il reste donc que l’intelligence les reçoit par une infusion d’origine divine. « Ainsi ce qui est premier dans l’intelligence est acquis aux dépens d’une émanation divine qui sc conjoint à l’âme raisonnable et avec laquelle l’âme raisonnable se conjoint. » Une fois que l’union avec cette émanation divine a mis l’âme raisonnable en possession des premières notions intelligibles, des premiers principes, cette àme se trouve en acte ; son activité peut alors enrichir le dépôt intelligible qui lui a été primitivement confié.

1. Avicenne, loc. cil., fol. 23, verso.

2. Avicenne, loc. cil., fol. a4> verso.

3. Avicennæ Compendium de anima, cap. X, fol. 33, r<> et v<>. DUHEM. — T. IV. 27