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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

Si donc nous reprenions le langage tl’Aristote, nous pourrions exprimer eu ces termes la pensée de Plotin : Dans fout astre, il faut distinguer, d’une part, une Intelligence qui n’est pas incorporée, qui est séparée de toute matière ; d’autre part un composé formé d’un corps et d’une âme incorporée.

Cette constitution, Jamblique, comme Plotin, l’attribue à l’homme 1 ; mais il se refuse à suivre l’auteur des Ennéades lorsque celui-ci T attribue également aux êtres célestes ; voici comment il conçoit la nature de ceux-ci * :

« Des dieux célestes, on peut dire qu’ils sont incorporels, car les corps n’apportent aucun empêchement à l’excellence de leur action et à la félicité de leur vie.

•> Comme ces dieux tendent vers l’Un, leurs corps éprouvent spontanément la même tendance ; ces corps ne contiennent pas les âmes, mais, de très excellente manière, ils sont, contenus par ces âmes¬

» Tout corps céleste est, de très près, apparenté aux êtres incorporels, en vertu de sa nature simple, indivise, immuable, en vertu de son action Une, qui est une circulation, en vertu, enfin, de la vie et de la lumière qu’il possède par lui-même. » Dans le ciel, il nv a pas combinaison d’une âme et d’un corps en une même troisième nature ; mais le corps est entraîné à prendre la nature de l’âme ; il est. une sorte d âme visible ; peut-être le ciel est-il simplement lumière, sans aucune matière ni dimension ; si, là où il sc trouve, une dimension nous apparaît, c’est seule ment à cause de son ample présence ; le ciel n’est donc qu’une âme s’accommodant aux yeux et. aux choses caduques ; la circulation du ciel n’est que l’opération cyclique de l’âme ; la lumière du ciel n’est que l’intelligence de cette âme. » De même qu’au bas de l’échelle des corps, la forme devient matérielle, de même, au sommet, la matière devient formelle, s’il y a, toutefois, une matière dans le ciel ; c’est le corps qui prend la nature de l’âme, non l’âme qui s’incorpore. De même que la partie supérieure de l’air prend la nature du feu. de même le feu céleste prend la nature de I âme, et cette àme, à son tour, devient intellectuelle et se change en une Intelligence de forme bonne. » Les êtres célestes animés peuvent donc être appelés incorporels. » ■

1. Voir : Troisième partie, ch I, § VI ; ce volume, p. 38a. 2. Iamblichus De mysterus, cap. XIV (Index eortirn quæ hue in libro /iuâen/ff/-. Iambi.ichus r/e mysteriis sEgyplioram, Chaldœorutn, Assyrioram.... Venetiis, iu ædibus Alili et Aadreæ, MJtXVI. Fol. 4>v0-— Pour la description de celte édition, voir p. 346, note i).