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LE NÉO-PLATONISME ARABE

»Cel Être n’a pas d’essence, comme un corps en a une ; si Fou dit d’un corps qu’il existe, la notion d’existence représente par elle-même quelque chose, et la notion de corps une autre chose ; mais tout ce qu’on peut dire de cet Être, c’est qu’il a une existence nécessaire et que c’est eu cela que consiste son être

» Cet Être est l’Unique, en ce sens qu’aucun être, hors de lui, ne possède une véritable substance. Il est aussi l’Un en ce sens qu’il n’admet aucune division, comme il arrive d’en admettre aux choses qui ont grandeur et quantité. On ne peut, à son sujet, poser aucune des questions : Combien ? quand ? où ? 11 n’est pas un corps. 11 est également l’L’n en ce sens qu’il ne tire pas sa substance de choses extérieures à lui ; [s’il eu était ainsi, en effet, il en tirerait aussi son existence^ Sa substance ne résulte pas de notions comme la matière et la forme, comme le genre et la différence ; pas davantage il n’a de contraire.

» 11 est la Bonté pure.

» Il est l’opération de la Pensée dans sa pureté ; il est la pure Chose pensée ; il est purement Celui (pii pense. En lui, ces trois choses ne font qu’un. Il est sage et savant, il est vivant, il a toute activité, il est doué de volonté 11 possède un bonheur immense en sa propre substance. Il est le premier Aimant et le premier Aimé. »

Ainsi parle Al Fàràbi, reconstituant l’unité d’Allah à l’aide de la Irinité néo-platonicienne de l i n, de l’Étre et de 1 Intelligence. Avicenne va nous faire entendre un langage tout pareil. il y a un Etre nécessaire, dit Avicenne, et cet Etre nécessaire est nécessairement un l. Au sujet de cette Unité nécessaire qui n’a pas de cause et qui est la cause de tout, il s’exprime 3 comme l’eussent fait Plotin et Proclus.

L Jfeta/î/iÿjurtf Avicenne sire eius prima pAilosopkifr Colophon : Explicit melaphysica Avicenne sive eius prima philosophia optime Castigata per Reverendum sacre théologie hacha lari uni fratrem I ranciscum de macéra ta ordinis niinorum el per excellentissinium ailîum doctorein dominum Amolli frachantiuin vicentinum philosoph iam legenlem in gymnasio patavino lin pressa Veneliis per Bernard ioum Venetum expensis viri Jeronymi duranti anno domini i4<)3 Die afi marlii. Tract. 1J1, cap. IV : De proprietalibus primi principii quod est necesse esse.

La division de cette .l/e/uphysica traduite en latin, qui est évidemment un fragment d’un ouvrage plus étendu, est assez étrange. Un Ziôer, forme d’un ^ro^mium et de cinq chapitres, prend fin au fol. sîgn. aiii, col b. Alors commence un liber secuftdus subdivisé en dix ZraetaZus ; mais à la fin du premier de ces /rut7a/«.s (fol. avant le fol. sigiu b) on lit : Co/np/e/tzs es/ Srut ta/us prirnus terliedecime partis, /ncipil j traetatus] secundus ejusdern Le second livre actuel était donc la treizième partie de l’ouvrage entier.

2. Metaphysiea Avicenne, libt II, tract. VIII, cap. V : In quo quasi affirma-