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LE NÉO-PLATONISME ARABE

« Nous avons vu, dit Al Gazàli *, que lUnivers entier est continuent (possihilis) ; nous avons dit que tout être contingent avait besoin d’une cause, et que les causes provenaient nécessairement les unes des autres jusqu’à ce qu’on remontât à l’Etre nécessaire qui est nécessairement un ; il en résulte donc que le Monde a pour principe Ce qui est nécessairement par soi, et cet Etre est nécessairement un, et l’existence de cet ntre lui vient de lui-même. Il est l’Etiv pur et vrai, l’Etre en soi ; il est 1 origine de 1 existence de tout ce qui est autre que lui. Son être est parfait et très parfait, en sorte que toutes les choses qui sont ont une existence subordonnée à La sienne, (le que l’existence des autres choses est à son existence, on le peut comparer à ce que la lumière des autres corps est à la lumière du Soleil ; le Soleil, en effet, est. lumineux de lui-même et sans que rien d’autre l’illumine ; le Soleil est donc source de la lumière que donne tout autre corps lumineux, car il émet la lumière de soi et la donne aux autres corps, sans que rien sc détache de lui ; la lumière qui, pour le Soleil, émane de l’essence même, est lumière adventice dans les autres corps. »

Les pensées qu’Al Gazàli expose en ce passage, et la comparaison même dont il use pour les exprimer, mettent hors de doute l’exactitude de cette première affirmation : Al Gazàli établit une identité absolue entre l’Un, Cause première de tout ce qui est, et la substance dont Le livre des Causes et la Théologie d Aristote faisaient le premier Causé, celui-là

sous le nom de Verbe.

Il est également certain que

l’Etre nécessaire et un tout ce

huaient à l’intelligence. « Le premier principe, dit AI Gazàli -, est vivant ; quiconque, en effet, se connaît soi-même, est vivant ; or le premier Principe sc connaît lui-même ; donc il est intelligent et vivant. »

Cette science que le premier Principe a de lui-même, elle a été maintes fois, d’Aristote à lbn Sinà, considérée et analysée ; Al Gazàli trouve moyen d’en donner une théorie vraiment originale et profonde :

« Lorsqu’on dit qu’une chose connaît, on entend dire qu elle est indépendante (immunis) de la matière ; et lorsqu’on dit qu’une A

sous le nom d’Etre et celle-ci

le Philosophe arabe attribue à

que les Néo-platoniciens attri-

i. Philosophie Algazelis. IJIk ï, tract. Il : De causa universi esse quod est Deus alüsMiniis ; cap. unicuin.

a. Phrlosophia Algazelis, Lib. i, tract. III ; De proprietatibiis prinii ; scrite ntia prima.