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LE NÉO-PLATONISME ARABE

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aussi Al Fârâbi, Avicenne et Al (îazâli ont ils pris grand soin de la réfuter.

Voici, d’abord, comment Al Fârâbi, dans ses Problèmes fondamentaux ’, exprime l’idée que la Philosophie païenne n’avait cessé, depuis Aristote jusqu’au Livre des Causes, de proposer aux méditations des sages :

« L’existence des choses découle de l’Iilro nécessaire ; mais ce n’est pas qu’il ait eu, à ce sujet, une intention analogue aux intcn-A.

lions que nous formons ; cet Etre, en effet, ne conçoit aucune intention au sujet des choses. Si les choses découlent de lui pour suivre la voie de la Nature, ce n’est pas davantage que, de la production et de la subsistance de ces choses, connaissance ou éprouve aucun plaisir. Si les lui, c’est simplement parce qu’il connaît sa c’est ainsi qu il forme, au sein de sa propre d oii s’écoule la série des biens ; et ce que, d’une manière nécessaire, cette série doit être, elle l’est. » Même doctrine est, avec plus de détails, enseignée par cennes :

Ai

« L’Etre nécessaire est, par lui-même, le Bien et tout ce qui existe désire le Bien. Ce que toute chose désire, l’existence et la perfection de 1 existence.... Ce qui est vraiment désiré, c’est 1 existence ; F Etre est le Bien pur, et c’est ce Bien que toute chose désire...

» Il faut donc que, de lui-même, 1 Etre nécessaire attribue toute existence et toute perfection d existence ; c est de cette manière qu il est la Bonté exempte de toute imperfection et de toute malice. »

A.

Mais lorsque FEtre nécessaire distribue ainsi le bien aux choses dont if est la cause, le fait-il par suite de quelque besoin, de quelque désir, de quelque intention ? Lorsqu’un être créé communique, a son tour, quelque perfection aux êtres qui proviennent de lui, doit-il, pour ressembler à la Cause première, donner ce bien intentionnellement ? Gardons-nous de le croire. « Toute intention tend vers quelque intention qui soit intelligible est marquée du caractère que voici : Pour celui qui a 1 intention, il est plus digne de posséder ce vers quoi il tend que de ne pas le posséder. Autrement l’intention seraiI vaine. Or, il est plus digne de posséder un objet que de ne il acquière aucune

choses émanent de

propre substance ;

existence, la source

Avi-

pur,

c’est

chose3 ; mais la seule

1. Alfarabi’s Abhandlugen, p. 96. 2. jWe/apAÿjrica Avicennæ, lib. II, tract. VIII, cap. VI. 3. Metaphysiea Avicennæ, lib. II, tract. IX, cap. 111.