Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/446

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
440
LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

Citons, tout d’abord, les Problèmes fond t mentaux d’Fâràbi1 ; la théorie qui va nous occuper s’y présente à nous, du premier coup, dans son complet développement.

« Le premier être qui dut émaner de l’Etre nécessaire, dit Al Fâràbi, était numériquement un ; c’était la première Intelligence. Cependant, en ce premier Créé, la multiplicité s’est introduite d’une manière accidentelle ; par sa propre essence, en effet, cette Intelligence n’avait qu’une existence possible ; tandis que, par le premier Etre, son existence est nécessaire ; or elle connaît sa propre essence et elle connaît aussi le premier Etre. En elle, la multiplicité ne provient pas du premier Etre, car c’est dans sa propre essence (pie réside la possibilité, alors quelle tientdu premier Être l’existence nécessaire.

» De cette première Intelligence, eu tant qu elle possède l’existence nécessaire et qu elle connaît le premier Etre, émane une seconde Intelligence. Dans la première Intelligence se rencontre la multiplicité, mais seulement de la façon que nous avons dite. D’autre part, de la première Intelligence, en tant qu’elle est seulement d’existence possible et qu’elle connaît sa propre essence, émane le premier Ciel dans sa matière et dans sa forme, forme qui est l’Ame ; nous voulons dire par là (pie ces deux choses l’existence contingente et la connaissance de l’essence] sont causes de deux autres choses, le Ciel et l’Ame.

» De la seconde Intelligence, émane une autre Intelligence et un autre Ciel, qui sc place au-dessous du précédent. Tout cela provient de cette seconde Intelligence, parce que, comme nous l’avons expliqué au commencement, pour la première Intelligence, la multiplicité advient, mais seulement d’une manière accidentelle, à cette seconde Intelligence. Ainsi d’une Intelligence émane toujours une Intelligence et un Ciel. Nous ne connaissons (pie d’une manière générale le nombre des Intelligences et des sphères célestes.

» Il en est ainsi jusqu’à ce que la suite des Intelligences créatrices parvienne à une telle Intelligence qui soit abstraite de la matière ; alors le nombre des sphères [célestes prend lin. La production de ces Intelligences ne se poursuit donc pas à l’infini. » Ces Intelligences sont de différentes espèces ; chacune d’elles constitue une espèce par elle-même.

» D’un côté, la dernière de ces Intelligences est la cause de l’existence des âmes humaines ; de l’autre côté, elle est, avec l’aide i. Alfarabi’s Abh<rn(llu/tyent pp. 97-1)8.