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LE NÉO-PLATONISME ARABE

des sphères célestes, la cause de l’existence des quatre éléments ». En cette dernière, nous reconnaissons l’intelligence active telle qu’Al Fârâbi avait été conduit à la définir en analysant l’âme humaine, telle aussi que la Théologie d’Aristote l’avait décrite avant lui.

dette forme donnée à la théorie de l’émanation est-elle l’œuvre propre d Al Fàrâbi ? Nous l’ignorons. Elle 11e fut pas, en tous cas, reçue d’emblée par tous les philosophes de l’Islam. Nous avons dit ailleurs 1 2 comment la production des âmes des cieux était décrite par les Ilnvân cs-Safa. par ces Frères de la Pureté qui ont composé leur encyclopédie durant la seconde moitié du xe siècle, partant après la mort d’Al Fàrâbi ; cette description ne ressemble aucunement à celle que nous venons de lire. En revanche, c’est la théorie d’Al Fârâbi qu’Al Gâzâli expose dans la Destruction d“s philosophes, el Averroès nous avertit qu’elle est admise non seulement par Al Fàrâbi, mais encore par « Avicenne et les autres ». Analysons donc cet exposé donné par Al Gâzâli.

La parfaite unité de l’Étre nécessaire ne lui permet de créer directement qu’un seul être : « Ex uno non provenit nisi unum ~ ». C’est un principe essentiel, communément accepté par les métaphysiciens arabes, et qu’ils transmettront à plus d’un docteur chrétien, en dépit des anathèmes de i’Eglise. C’est par l’intermédiaire de cette première Créature que les êtres multiples seront, à leur tour, créés.

Suivant quelle gradation descendante se fait cette création, Al Gâzâli va nous le dire3 :

« De l’être du premier Principe émane la première Intelligence. C’est un être qui existe par lui-même, qui n’est pas corps, qui n’est pas non plus une vertu placée dans un corps. Cette Intelligence se connaît elle-même et connaît l’Etre qui est son principe. ..

» De cette Intelligence dérivent trois choses : Une Intelligence, l’Ame de l’orbe le plus élevé, qui est le neuvième orbe, et le corps de cet orbe le plus élevé.

» De la seconde Intelligence proviennent ensuite une troisième Intelligence, l’Ame du huitième orbe et le corps de cet orbe. » De la troisième Intelligence suit la quatrième Intelligence, l’Ame de l’orbe de Saturne et le corps de cet orbe... 1. Voir : Première partie, Ch. XI, § VII ; t. Il, pp. 168-170. 2. P/i<7osop/u‘a Algazelis, Lib. 1, tract. IV, sententia septima, 3* Avehhoès, O/j, laud., loc. ci/.