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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

maître Firminus de Bellavalle[1]. Ce manuscrit nous fait connaître les noms de deux des émules de Jean de Murs en Astrologie divinatoire ; ces noms sont ceux de Léon le Juif et de Firmin de Belleval.

Léon le Juif (Léo Judæus ou Leo Hebræus) ou bien encore Léon de Bagnols (Leo de Bannolis) est le nom qu’on donnait, au Moyen Âge, au rabbin Lévi ben Gerson.

Lévi ben Gerson naquit vers 1288[2], en Provence, soit à Bagnols, soit en Arles. Il semble avoir passé la plus grande partie de sa vie en Provence ou dans les États du Pape ; aussi, lorsqu’il fait allusion à l’édit d’expulsion qu’en 1306, Philippe le Bel rendit contre les Juifs de France, laisse-t-il entrevoir qu’il ne fut pas atteint par cette mesure, si dure pour ses coreligionnaires. Léon le Juif mourut vers 1344.

Son principal ouvrage est intitulé : Milchamot Adonaï, Les guerres du Seigneur. Le texte hébreu en a été imprimé, une première fois, en 1560, à Riviera di l’rento, et une seconde fois à Leipzick, en 1866.

La métaphysique et l’exégèse philosophique sont les principaux sujets dont traite cet ouvrage, dont les doctrines nous occuperont plus tard. Un livre, cependant, le cinquième, y était consacré à l’Astronomie. Ce livre a été omis par les deux éditions du texte hébreu ; mais une traduction latine en avait été faite au xive siècle, et, de cette traduction, la Bibliothèque Nationale possède trois exemplaires manuscrits ; d’après ces exemplaires, Munk en a donné un résumé très concis[3].

Dans ce livre d’Astronomie, Lévi ben Gerson discute les questions que les maîtres ès arts et les lecteurs en théologie avaient coutume d’agiter dans les Universités chrétiennes : Les astres se meuvent-ils librement ou bien sont-ils sertis dans une sphère solide qui les entraîne ? Les étoiles fixes sont-elles toutes mues par une même sphère ou bien y a-t-il, comme le voulait Maïmonide, autant d’orbes que d’étoiles ? Pourquoi les planètes se meuvent-elles d’autant plus lentement qu’elles sont plus éloignées de la Terre ? Au-dessus de la sphère des signes, y a-t-il une sphère sans astre qui produise le mouvement diurne ? On ne rencontre

  1. Ms. cit., fol. 63, vo et fol. 64, ro.
  2. S. Munk, Mélanges <te Philosophie Juive et arabe, t. L p. 4v7> note 2. — M. Joël, Lewi ben Gerson (Gersonides) als Religionsphilosoph Ein Beitrag zur Geschichte der Philosophie und der philosophischen Exegese des Mittelalters. Breslau, 1862, pp. — Inséré dans : M. Joël, Beiträge zur Geschichte der Philosophie, Bd. I. Breslau, 1876.
  3. S. Munk, Op. laud., t. I, p. 500. — M. Joël, Op. laud., pp. 62-66.