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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

rien, en ces discussions, qui ne se trouve couramment dans les écrits chrétiens sur les Sentence de Pierre Lombard ou sur le Traité du ciel d’Aristote.

Au cours de ses considérations astronomiques, Lévi rappelle les objections qui ont été dressées contre le système de Ptolémée ; il fait allusion aux hypothèses qu’un savant arabe a tenté de lui substituer ; dans ce savant, Munk a reconnu sans peine le célèbre Al Bitrogi.

Léon de Bagnols était, d’ailleurs, très versé dans la pratique de la Science céleste. Au cinquième livre du Milchamot Adonaï, il donne la description d’un nouvel instrument qu’il nomme le découvreur de ce qui est profondément caché. Le traité consacré à cet instrument, fut, en 1342, traduit en latin par Pierre d’Alexandrie[1] ; cette traduction avait pour titre : De instrumento secretorum revelatore ; elle était dédiée au pape Clément VI.

L’instrument imaginé par notre auteur était l’arbalestrille ou bâton de Jacob. Regiomontanus en fit si bon usage qu’on lui en a, bien souvent, attribué l’invention. Behaim, disciple de Regiomontanus, répandit, parmi les astronomes et les navigateurs portugais, la connaissance et l’emploi de la balestilha[2], en sorte que l’invention du Rabbin de Provence vint en aide très efficace aux grandes découvertes géographiques.

En même temps qu’à l’invention des instruments, Levi ben Gerson s’appliquait au calcul des tables ; on lui doit[3] des tables du Soleil et de la Lune dressées pour l’année 1320 et pour le méridien d’Orange.

À la pratique de l’Astronomie, il unissait celle de L’Astrologie judiciaire ; la Pronosticatio que nous avons citée nous en donne la preuve.

L’Astronomie n’était point la seule doctrine qui sollicitât les efforts de Lévi ben Gerson ; digne représentant de la science rabbinique en Provence, digne continuateur de Profatius, il s’adonnait aux études les plus diverses. Médecin de renom, il a montré, dans le Milchamot Adonaï, son aptitude à la Métaphysique et à la Théologie ; il a, d’ailleurs, commenté divers traités d’Aristote ; en particulier, son commentaire des Premiers analytiques est daté de 1319[4].

  1. M. Steinschneider, Mathematik bei den Juden, Frankfurt ; § 43.
  2. S. Günther, Behaim, Bamberg, 1890, p. 22. — Joaquim Bensaude, L’Astronomie nautique au Portugal à l’époque des grandes découvertes ; Berne, 1912 : pp. 13-14.
  3. M. Steinschneider, Op, laud., § 43.
  4. M. Joël, Op. laud., p. 14.